Lorsque les lumières de la salle s'éteignent, l'image argentée et travaillée de 90s (ou plutôt Mid90s, au Canada et aux US), s'étend sur l'écran jusqu'au format délicieusement rétro de 16 millimètres. Pendant une heure et demie, jusqu'a la toute fin du générique, bien enfoncée dans mon siège, je me suis laissée emportée dans une bulle, celle de la côte Ouest du continent américain et de sa sub-culture du skate.


À la fois teen movie, 90s est cependant bien loin des clichés d'ados américains de riches banlieues américaines et de l'habituel highschool drama. Le premier long métrage de Jonah Hill, (qui, après 15 ans de carrière en tant qu'acteur, s'est parfois, vu occtroyé l'étiquette du "petit gros rigolo d'Hollywood" avec des films comme 21 Jump Street, Le loup de Wall Street), nous délivre une fresque authentique et débordante d'émotions sur l'adolescence.


Jonah Hill, tel qu'il le confie aux talk shows de Seth Meyers ou de Jimmy Fallon était piètre skateur, s'inspire toutefois de sa propre enfance, dans laquelle le langage était encore plus cru, homophobe et misogyne qu'aujourd'hui. Jonah Hill nous invite alors à découvrir Los Angeles des années 1990 sans artifices, ville ensoleillée et (trés) photogénique dans laquelle l'attachant Stevie (joué par le trop mignon Sunny Suljic), 13 ans, s'incruste dans une bande de skateurs pendant un été. Un été durant lequel Stevie accumule les chutes et les coups (tente de se tuer plusieurs fois, se fait violemment tabasser par son frère...), et sort de la solitude et du cocon familial (tout sauf chaleureux). C'est alors qu'il s'impose en tant que le petit favori casse-cou aux multiples surnoms, dans une bande de personnages aussi touchants et complexes les uns que les autres.


Ce film est l'un de ceux qui fait du bien et qui pousse à ne pas trop réfléchir, à tout simplement se laisser porter par le naturel des scènes et pas le talent de nouvelles têtes. Véritable bonbon, ce film à la catchphrase un peu clichée : "Fais de ta vie un rêve", traite brillamment de la culture du skate et de la jeunesse, à travers les yeux admiratifs et curieux d'un petit frère "naturellement gentil", à une période où se bousculent des questions d'avenir, où se tissent de nouveaux liens d'amitié alors que d'autres s'effacent.


En plus: une BO absolument géniale dans laquelle se mêlent les plus grands du rap et hip hop américain (Eminem, Wu-Tang Clan, Biggie) et d'autres groupes que je ne connaissaient pas (notamment "Wave of Mutilation" de Pixies ou "Gyöngyhajú Iány" de Omega) qui donnent envie de se prélasser au soleil ou... de se mettre au skate.


Bande annonce: https://www.youtube.com/watch?v=Igfhy3Q5CeI


Autres critiques: https://louizargentik.wixsite.com/blog

louizmo
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 16 mai 2019

Critique lue 816 fois

louizmo

Écrit par

Critique lue 816 fois

D'autres avis sur 90's

90's
You-me-the-violence
10

Excès de vie.

Capturer des images c'est facile, mais parvenir à faire passer des émotions, des vraies, au travers de ces dernières, c'est autre chose. Jonah Hill a tout compris, nul besoin d'artifice pour faire...

le 16 janv. 2019

68 j'aime

2

90's
Grard-Rocher
9

Critique de 90's par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Dans les quartiers déshérités de Los Angeles, lorsque l'on a que 13 ans, il est normal de rêver à l'avenir qui est rarement serein. Le jeune Stevie est bien placé pour le savoir. Chez lui la vie est...

46 j'aime

21

90's
Velvetman
7

Paranoid Park

Jonah Hill, connu grâce sa carrière d’acteur assez prolifique allant de SuperGrave au Loup de Wall Street et bien d’autres, nous dévoile son premier long métrage, dénommé 90’s. L’éloge émouvante de...

le 3 mai 2019

44 j'aime

2

Du même critique

Shining
louizmo
9

Heeeeeere’s Johnny !!!

Des films avec 50 "jumpscares" (saut de peur, en français) à l'heure, dotés de scènes de tortures épouvantables et de fils conducteurs plus absurdes les uns que les autres, il y'en a à la pelle de...

le 20 déc. 2018

4 j'aime

Joker
louizmo
10

DON'T (FORGET TO) SMILE !!!

Je ne vais pas encore tourner autour du pot, c'était une grosse claque. Véritable ovni, ce film n'est pas, comme je m'y attendais, du fan-service destiné à un grand public, ne dépeignant qu'une image...

le 9 oct. 2019

1 j'aime