Comment en est-on arrivé là ? Par quelle folie, le pays le plus riche au monde peut-il expulser avec une telle violence et une telle indifférence, de légitimes petits propriétaires ? «99 Homes» va, sans concession aucune, nous montrer l'envers du prétendu rêve américain à travers le destin de deux personnages. Le premier, Rick Carver (Michael Shannon) agent immobilier sans scrupules à profiter du cataclysme du logement aux États-Unis après la crise des Subprimes de 2008 pour devenir spéculateur en rachetant les maisons des expulsés pour le compte des banques, en vue de futures reventes très lucratives. Le réalisateur Ramin Barhani nous présente Rick Carver aux travers d'un prologue absolument glaçant et révoltant, le trait de personnalité abject de Carver est appuyé par le jeu impressionnant de froideur de Michael Shannon. La route de Carver croisera celle de Dennis Nash (Andrew Garfield qui nous montre que même sans combinaison moulante, il est un excellent comédien), jeune père célibataire, combatif et volontaire vivant dans la maison familiale avec sa mère Lynn (Laura Dern) et son fils Connor (Noah Lomax). Dennis ne pouvant plus honorer ses traites, l'expulsion est inévitable. Dennis et sa famille sont envoyés dans un motel. Ce refuge est une véritable Babylone où se retrouvent les laissés-pour-compte de l'Amérique. Carver voit en Dennis un homme tenace et surtout habile de ses mains qui pourrait lui servir. Celui-ci va lui proposer de récupérer sa maison à la condition qu'il expulse à son tour d'autres familles. Dennis vient de faire un pacte avec le diable ! Ramin Barhami nous touche en plein cœur avec ce drame sociétal aux relents de thriller où le vernis éclatant d'une Amérique invulnérable devient noirceur et moisissures face à ce cataclysme spéculatif et scandaleux. Puissant !