Un Grand Prix de Deauville n'ayant pas eu les honneurs d'une sortie en salles : merci les distributeurs ! Pourtant, il est peu dire que celle-ci se justifiait. Même si je ne suis pas forcément inconditionnel de la mise en scène de Ramin Bahrani, il faut lui reconnaître une vraie cohérence, ne perdant jamais de vue son objectif. Si je savais à peu près ce qu'était la crise des subprimes et ce qui en avait découlé, la voir de façon aussi concrète, documenté, peut difficilement laisser indifférent. D'autant que Bahrani n'hésite pas à opter pour des choix forts, principalement dans le scénario, pour décrire la complexité de la situation, notamment en faisant passer son héros du « côté obscur », aussi défendable ces raisons soient-elles.
Mais il n'y a jamais de jugement : le réalisateur observe, se veut légèrement moraliste sans que cela affecte la portée de l'œuvre ou son intérêt. D'ailleurs, j'avoue qu'il rend ce cheminement assez crédible, prenant également de soin de montrer les conséquences de ce choix sur ces proches. Il y a une vraie noirceur, mais pas de cynisme. Après, le procédé voulant que chaque personne soit exclue tour à tour de chez soi peut amener une légère impression de répétition, mais cela reste relativement discret. D'autant que les comédiens, principaux comme secondaires (dont une excellente Laura Dern), sont à la hauteur. Un bon film, éclairant et sans démagogie sur l'une des plus graves crises ayant touché les États-Unis au XXIème siècle, rendant d'autant plus regrettable sa sortie directement en DVD.