9 Mois ferme par pierreAfeu

C'est un peu comme si Albert Dupontel revenait à ses premières amours. Comédie burlesque et nonsense, 9 mois ferme ressuscite le Dupontel période one man show dans une comédie à l'ancienne parfaitement assumée.

Le récit est linéaire, la mise en scène élégante voire travaillée [Albert : fais quand même gaffe à pas trop abuser des plans décadrés et des contre-plongées...], la musique omniprésente [jolie partition toute en cordes de Christophe Julien], le tout plutôt bien rythmé, mariant harmonieusement situations absurdes, gags, sous-texte politique et tendresse, Dupontel nous la rejouant façon Pierre Richard ou Jean Yanne.

La première partie est tonitruante. On rit beaucoup. Puis on a un petit coup de mou, et ça repart un peu différemment, jusqu'à une très jolie scène de fin. On sent le plaisir potache de l'auteur à peaufiner gags cartoonesques, blagues graveleuses et comique de répétition. La machine fonctionne donc plutôt bien. L'histoire se tient dans l'absurde et nous mène jusqu'au bout.

Sandrine Kiberlain est évidemment fantastique, parfaite pour le rôle, à se pisser dessus de rire quand elle hurle au téléphone, droite et décalée, légèrement décalée, en vrac, reconstruite. Elle porte toute la première partie du film avec une énergie dévastatrice. Albert Dupontel, de son côté, retrouve le Dupontel des années 90, grand neuneu maladroit au cœur tendre. Il le fait très bien, donc ça fonctionne.

Les seconds rôles sont aussi très soignés [Label "comédie à l'ancienne" oblige], à commencer par Nicolas Marié, drôlissime en avocat bègue [c'est con, mais il fallait y penser] : sa plaidoirie est un grand moment. On apprécie aussi quelques caméos [Terry Gilliam, Jean Dujardin... même Jan Kounen et Gaspard Noé], participations amicales plutôt savoureuses.

Bref, 9 mois ferme est une chouette comédie bien bricolée. C'est assez rare pour qu'on le souligne, Dupontel redonnant ainsi quelques couleurs à la comédie populaire.