Un nouveau film doit apporter quelque chose d’un peu neuf. C’est une opinion contestable sans doute, mais que je pense aussi relativement partagée, et le visionnage de You were never really here m’a inspiré le besoin de commencer la présentation de mon avis par cette phrase, précisément parce que je peine à voir quel intérêt il croit avoir dans le paysage cinématographique.


Si je vous parle d’un vieux briscard, ayant perdu pratiquement tous ses proches et qu’une vie de violences et d’isolement a rendu plus violent encore, désabusé et cynique, décidant de faire un baroud d’honneur quand la dernière personne à laquelle il est attaché est menacée par des forces para-gouvernementales surarmées, s’attachant malgré tout à une petite fille également sans pitié malgré une façade innocente, et pour laquelle il risquera tout, vous aurez le synopsis aussi bien de You were never really here que de Logan. Mais évidemment on pourrait jouer à ce jeu-là plus ou moins longuement avec bien d’autres films, comme celui auquel on a tant comparé le Ramsay, l’histoire d’un ancien militaire dégoûté par le monde, déçu par un homme politique qu’il cherche à tuer, se jetant à bras ouverts dans la violence pour sauver une fille de douze ans d’une vie de de sévices sexuels. C’est Taxi Driver, et You were never really here est à peine moins nourri de The Driver et Drive, de No Country for old Men (qu’il cite même une fois) et du triptyque de la vengeance de Park Chan-wook (qui justement était membre du jury à Cannes, tiens tiens…).


Cela ne saurait suffire à condamner You were never really here, puisqu’on peut remaker et recourir à tous les stéréotypes possibles tout en réalisant un chef-d’œuvre, pourtant de la part d’un film annoncé partout comme une claque, l’incapacité à susciter de la première minute à la dernière la moindre surprise narrative est regrettable, surtout quand tous ses modèles avaient une originalité scénaristique, parfois même une audace politique ou un talent sordide pour la provocation dont leur successeur est absolument dépourvu. Johnny Greenwood (de Radiohead) a beau livrer une bande originale très prenante, évoquant Drive sans démériter, arrive un stade où la musique (a fortiori de l’électro minimaliste) doit soutenir un propos cinématographique… Il faudra bien sûr apprécier la finesse avec laquelle on suggère le passé du personnage principal, par des flashs plus proches de la sensation sonore et visuelle que d’un traditionnel flash-back, ou le degré de corruption des antagonistes, tout en convenant que ce sont des « nouveautés » bien relatives.


La suite de ma critique ici : http://vonguru.fr/2017/11/19/a-beautiful-day-critique-a-six-mains-spoiler/

XipeTotec
6
Écrit par

Créée

le 20 nov. 2017

Critique lue 235 fois

XipeTotec

Écrit par

Critique lue 235 fois

D'autres avis sur A Beautiful Day

A Beautiful Day
Velvetman
8

Camé et Léon

Il existe ces films qui vous happent physiquement, qui détiennent au fil des minutes une emprise machiavélique sur votre regard par rapport à l’image. A Beautiful Day fait partie de cette...

le 6 nov. 2017

101 j'aime

4

A Beautiful Day
Behind_the_Mask
8

The Death of Childhood

C'est un fantôme qui erre dans les rues, dans la nuit de Cincinatti. Sa démarche est lourde, sa silhouette épaisse. Il est hirsute, le regard parfois vide. Agité de traumas, comme l'image qui se...

le 6 nov. 2017

64 j'aime

14

A Beautiful Day
Clode
7

Un sourire

Joe aime les marteaux. Les marteaux noirs en acier, avec écrit dessus "Made in Usa" en petites lettres blanches. Dans sa main, les marteaux paraissent petits. Les marteaux sont gros, aussi gros qu’un...

le 9 nov. 2017

54 j'aime

4

Du même critique

Le Retour de Mary Poppins
XipeTotec
4

Vive le capital !

Le Retour de Mary Poppins est oubliable, ou pis qu'oubliable : on aimerait l'oublier, et on sait que certaines scènes nous resteront en travers de la gorge, comme cette suffragette absolument ravie...

le 23 déc. 2018

5 j'aime

5

Illang : La Brigade des loups
XipeTotec
4

Bien pire qu'un vrai remake scène par scène

Parmi les trois « Netflix Originals » du mois d’octobre, Apostle était entièrement original, le scénario d’Un 22 juillet était écrit par Paul Greengrass, mais s’appuyait sur un livre de non-fiction...

le 1 nov. 2018

5 j'aime

Escort Boys
XipeTotec
8

Critique de Escort Boys par XipeTotec

Quelle étonnante surprise que cette série que j'aurais aisément pu croire états-unienne sans la langue et quelques actrices connues dans des rôles discrets, tant la Camargue rurale y est filmée comme...

le 26 déc. 2023

4 j'aime