Assez moyennement beautiful

Bien que deux fois primé à Cannes cette année : prix du scénario (partagé avec Mise à mort du cerf sacré) et prix d'interprétation masculine, le film m'a semblé clairement inférieur à We need to talk about Kevin (que j'avais beaucoup apprécié).
Difficile de croire à toute cette histoire, tout cet embrouillamini ; on n'oublie jamais tout à fait qu'on est au cinéma.
Et Joaquin Phoenix, dont on sait quel excellent acteur il peut être, ici en fait, je trouve, des tonnes, sans doute pour essayer de donner un peu de vraisemblance (de vraie existence ?) à son personnage.
Ceci étant, le film se suit sans déplaisir et parfois même avec un certain sourire, tant Joe (que joue Phoenix), l'ex-marine reconverti en tueur à gages, manie le marteau avec efficacité.
Mais tout ça manque de rythme, de chaleur, d'émotion. On reste, je le répète, extérieur à l'histoire et on regarde le film comme on consomme un sandwich : en espérant qu'un prochain repas sera de meilleure qualité.
Sinon, à supposer qu'on veuille prendre au sérieux cette histoire, qu'en déduirait-on ? Que le monde d'aujourd'hui (jusqu'aux pays où la civilisation est la plus avancée) et ceux qui le gouvernent sont complètement pourris et amoraux et qu'il n'y règne qu'une loi : celle de profiter d'autrui jusqu'au trognon, celle de tuer ou d'être tué, celle en somme du monde animal, de la jungle et de la savane : la loi du plus fort, du plus malin, du plus rusé. Je me trompe ? Ça n'est pas ce que nous dit le film de Lynne Ramsay ? Ça n'est pas le beautiful world qu'elle nous décrit ? Elle caricaturise ? Il faut prendre son film avec humour ?
C'est ce que je fais.

P.S. Il serait tout de même injuste de ne pas signaler quelques très belles minutes sous-marines vers les trois-quarts du film. Superbement imaginées et photographiées.