J'ai retardé au maximum le moment de regarder ce film, que j'avais pourtant attendu, fantasmé mais qui portait en lui les germes de son déclin.
L'esthétique est en place, indéniablement. Le travail sur l'image, le cadre, la couleur est admirable. Le rythme lancinent est tout à fait à propos. Bref, tout ce que le film m'avait promis, il me l'a offert, dès cette chansonnette mélancolique fredonnée par une voix d'enfant typique des films fantastiques de la belle époque.
Puis viennent se bousculer les références. Parfois, on a l'impression de se retrouver face à un film de Jean Rollin avec des moyens pharaoniques (à l'échelle du réalisateur). Très vite, le fantasme du vampirisme version onirique vient planer sur l'ensemble. La légende de Bathory nous viendra rapidement en tête. Peut-être aussi la version cinéma de Shutter Island.
On pense aussi, à juste titre, à Traitement de Choc de Jessua.
Et doucement, ces références implicites et peut-être inconscientes racontent une histoire parallèle, qui non seulement prend le pas sur celle du film, mais en plus la défleure.
Car le film ne parvient pas à s'extraire de la somme de ses références, et il ne suffit pas d'une patine oscillant entre le bleu, le vert et le gris, d'un parti pris formel et esthétique, de belles scènes, d'une ambiance sonore agréable et quelques scènes choc pour masquer la vacuité de l'écriture.
Tout semble avoir été raconté mille et une fois, à juste titre.
Et l'influence principale, que je tairai car elle relève du spoiler frontal, vient confirmer ce manque d'inventivité.
Je ne demandais pas à ce film d'être original, en fait, contrairement à ce qu'on pourrait croire ici.
Je lui demandais de m'emmener dans ses replis, de me faire rêver, frémir.
Je lui demandais un minimum de cohérence dans son propos qui m'aurait permis de ne pas être sorti avec violence de l'ambiance humide et feutrée du film à chaque emprunt trop évident.
De ne pas me prendre pour un âne en déguisant le final en révélation alors que tout est déjà évident, clair.
De ne pas faire d'un sourire mal joué un twist pseudo ambigu en guise de "fin ouverte".


Reste que j'ai pris plaisir à arpenter ce film, malgré ses défauts flagrants.
Et je vais de ce pas regarder soit Levres de Sang, soit La Nuit des Traquées, des films où le manque de moyen est contrebalancé par une sincérité et un onirisme loin des frasques mécanistes et maniérées de ce Cure for Wellness.

toma_uberwenig
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le 12 août 2017

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toma Uberwenig

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