Une certaine aura de mystère entourait ce nouveau film de Gore Verbinski, soudainement apparu dans les circuits promotionnels, il y a quelques mois, et affichant, à première vue, de fortes similitudes avec un désormais classique Shutter Island. Toutefois, à mieux y regarder les bandes-annonces, on y voyait tout de même des images plus glauques, plus insidieuses, et une certaine curiosité à l'égard de cette ambiance anxiogène.
Soulignons déjà cette esthétique superbe qui, sans être originale, adopte une photographie froide aux tons verdâtres maladifs. Par ailleurs, la réalisation est très soignée, avec quelques mouvements de caméra étourdissants et une recherche sans cesse de conférer une atmosphère claustrophobe à l'image. En cela, on y voit des similitudes au film de Scorsese sur les bases du long-métrage. Surtout que niveau intrigue, ce n'en est pas si éloigné : un jeune homme d'affaire se rend dans un centre de remise en forme, isolé dans les Alpes suisse, pour retrouver un supérieur. Une fois sur place, il constate des évènements étranges et sent qu'on lui cache la vérité.
À travers ses couloirs cliniques d'une autre époque, son ambiance lourde et étouffante, ses machines de soin archaïques, son environnement sauvage ou encore son voisinage inhospitalier, le centre de remise en forme au cœur du film réussit à happer le spectateur et le confiner dans ce lieu sinistre. Et pour parfaire cette atmosphère fantasque, Benjamin Wallfisch offre une BO des plus adéquates, où l'utilisation du son crée le malaise, entre thèmes lugubres, et mélodies enfantines on ne peut plus frissonnantes. Le long-métrage n'est d'ailleurs pas avare en tranches d'horreur frontales et particulièrement révulsantes.
Finissons de souligner les nombreux bons points du film avec l'excellent jeu des acteurs principaux, à savoir Dane DeHaan qui se retrouve confronté à des expériences extravagantes qui dépassent l'éthique et se transforme petit à petit en cadavre ambulant. Face à lui, Jason Isaacs, en directeur du centre, offre un personnage charismatique dont le calme constant le rend presque terrifiant. Enfin, Mia Goth, au départ figure fantomatique, prend davantage d'importance et son charme atypique finit par opérer.
Pendant deux heures, le rythme est parfaitement géré, enchaînant les découvertes suffisamment rapidement pour garder le spectateur intéresser, tout en gardant une certaine lenteur pour lui faire ressentir ce huis-clos maladif. Néanmoins, c'est dans les vingt dernières minutes que le film se tire une balle dans le pied, avec un finale précipité et beaucoup plus théâtral, embrassant carrément un côté fantastique jusqu'alors simplement sous-entendu, et virant presque au grotesque. En outre, les réponses apportées sont prévisibles et pouvaient être gardées sous silence, tandis que les pseudo-twists ne convainquent pas plus que cela. Bien heureusement, la grande majorité de l’œuvre laisse un excellent souvenir d'ambiance malsaine, à la direction artistique angoissante.