Je ne suis pas forcément contre un abus de provocation dans un film, quand cette dernière est justifié et/ou compensé par la réalisation, les acteurs ou le scénario. J'ai été choqué par Gaspard Noé ou Lars Von Trier, mais je n'ai jamais fait partie de leur détracteur et j'ai toujours aimé leurs films. Etre choqué est une émotion comme une autre. C'est comme rire, pleurer, avoir peur. En ce sens, la provocation peut avoir sa place dans un film. A condition d'être fait intelligemment. Ce n'est pas le cas dans a Serbian Film.
On m'avait vendu "A serbian film" comme étant le film le plus trash jamais tourné. C'est sans doute vrai. Pourtant pendant toute la première heure on se fait grave chier. On suit l'histoire d'une ancienne star du porno, sosie de Laurent Paganelli (ça m'a sortit du film direct) à qui on propose un nouveau contrat. Le bonhomme doute, hésite. Finit par accepter. Ça ressemble vraiment à un de ces innombrables films ou un retraité va devoir rechausser les gants/crampons/uniformes pour une dernière mission, dans le but noble de mettre sa famille à l'abris. Bref, on se fait chier et donc, on relève la réalisation très cheap du film. Cette photo cradingue, grisâtre, sur-contrasté. Les acteurs très moyen, sans aucun charisme et au physique absolument random.
Puis les trucs dégueu arrivent. On se fait un peu moins chier, on se dit que le film commence enfin, car, soyons honnêtes, on a tous regardé ce film pour y voir des trucs dégueu. Et à ce niveau, on est servi. Un peu trop d'ailleurs. Les enfants, ça a toujours été un tabou au cinéma. Les films qui montrent des enfants qui se font buter se comptent sur les doigts d'une main. Mais voir un enfant de 6 ans se faire enculer par Laurent Paganelli et sa bite de 30 centimètres... Pourquoi ? Au nom de quoi ? Qu'est ce que tu dénonces dans ton film, Srdjan ? Le voyeurisme ? La pornographie ? La pédophilie ? La violence ? Non j'ai plutot l'impression que tu cautionnes tous ces thèmes. Dans "A serbian film", il y a une sorte de mise en abyme chelou et pas forcément très flatteuse pour le réalisateur. Ce réalisateur de porno qui veut faire du cinéma expérimental en poussant la notion de "vrai" jusqu'à l'extrême, qui cherche à montrer ce que personne n'a osé montrer donne forcément l'impression d'être le double du réalisateur lui-même, qui avec ce film aspire aux mêmes aspirations. Du coup, tout laisse à penser que Srdjan Spasojevic est une sorte de psychopathe pédophile et ultra-violent et qu'actuellement il se paluche devant la scène d'énucléation sodomite qu'il a lui même tourné.
Quand Gaspar Noé a fait son "Seul contre tous", qui arborait lui aussi les thèmes de la violence, de la pédophilie et de l'inceste, mais il avait un propos de fond derrière. Celui de montrer le déclassement progressif de son personnage. D'une certaine manière, c'est une tragédie. Là il n'y a rien. Toute l'histoire sert uniquement à justifier la présence des scènes ultra-choquantes de la fin, qui n'ont aucun autre but que d'ultra-choquer. Bref, aucun intérêt. Si ce genre de truc vous fait triper, allez plutôt sur le dark net. Au moins, ces films là ne s’embarrassent pas d'un scénario et vous gagnerez du temps.