‘A boute de souffle’ a beau avoir révolutionné le cinéma en 1960, ce qui a fait son originalité est aujourd’hui effacé par les défauts de l’œuvre.
En premier lieu, on est frappé par la médiocrité des dialogues, ce qui est bien malheureux dans la mesure où le film repose quasi-exclusivement dessus. Entre discussions stériles, badinage sans intérêt et déclaration philosophique lamentable, on a l’impression d’assister à une branlette intellectuelle pour demeurés. Le sommet du mauvais goût est atteint lors de l’interview d’un écrivain misogyne et hautain dont les propos détestables sont recopiés comme s’il s’agissait de saintes paroles (« Quelle est votre plus grande ambition dans la vie ? », « Devenir immortel, et puis mourir »).
En fait, le scénario est très décevant, et ce n’est que dans la dernière demi-heure que les intentions du film se font enfin plus précises. Par exemple, le meurtre du policier en introduction est si bref qu’on ne comprend pas qu’il s’agit là de l’élément qui va signer le destin de Michel Poiccard.
Et pourtant, il faut reconnaître au film une originalité évidente. Le montage hasardeux alternant plans séquences et jump cut plonge l’œuvre dans une atmosphère ouateuse assez étonnante. Les monologues de Michel Poiccard en introduction, qui s’autorise même à parler au spectateur face caméra, ont quelque chose d’intriguant (« Maintenant je fonce Alphonse »). La mise en scène de Jean-Luc Godard offre quelques plans très réussis, comme la séquence finale où Michel Poiccard fuit avant de s’effondrer, et la bande originale est de bonne facture. Enfin, laisser les passants regarder avec intérêt le spectacle du cinéaste et ses acteurs dans la rue est plutôt culotté de la part du réalisateur.
On regrettera encore simplement que Jean-Paul Belmondo joue aussi mal, même s’il n’est pas aidé par son tic gestuel absolument invraisemblable. Au moins, la ravissante et irrésistible Jean Seberg rattrape sa faible performance.
Original sur la forme, mais médiocre sur le fond.