Entre 2008 et 2014, en trois films, Fred Cavayé a eu l'immense mérite de défendre un cinéma de genre pas toujours bien vu en France. Entre le polar, le suspense trépidant et le film d'action échevelé, avec cascades, poursuites, flinguages à bout portant (ha ha) et tout le toutim. Il l'a fait avec sérieux, soutenu par des acteurs fidèles (Vincent Lindon, Gilles Lellouche), et une sincérité à toute épreuve.
Rien que pour ça, le garçon a toute ma sympathie.
Outre Lellouche, tête d'affiche d'A bout portant, on trouve dans son deuxième long métrage Roschdy Zem et Gérard Lanvin. Des vraies gueules de cinéma, doublés de sacrés acteurs, qu'on a l'habitude de voir évoluer dans ce genre de registre. Le film est à leur image : solide, minéral, bourré d'énergie.
Certes, le scénario ne brille pas par son originalité, et se contente d'assurer la trame minimale pour balancer du suspense et de l'adrénaline à tout va. C'est convenu, mais ça fonctionne, d'autant que le film est court (moins d'une heure et demie).
L'analyse de la bande originale est particulièrement éloquente. Elle est signée Klaus Badelt, compositeur allemand qui fait partie de l'écurie de Hans Zimmer. La musique balance donc du rythme, du gros son orchestral souligné par une avalanche de percussions mêlant instruments organiques et électroniques - dans une veine très proche, ou très inspirée, du travail de John Powell sur la saga Jason Bourne. John Powell, lui-même "disciple" de Hans Zimmer... La boucle est bouclée, et donne une idée de ce que voulait Fred Cavayé pour son long métrage : une suspension d'incrédulité totale, une foi absolue dans une histoire improbable mais racontée avec une conviction telle qu'il est facile de se laisser porter.
A part ça, on n'en retient pas grand-chose, évidemment, sinon un moment de cinoche débranché plutôt sympathique et foutrement efficace. Les Français ayant tendance à se ridiculiser lorsqu'ils se hasardent à mettre les pieds dans ce genre de plat, il faut signaler quand le contraire se produit et qu'un réalisateur s'en sort un peu mieux que bien.
(On en reparlera avec Mea Culpa, film suivant de Fred Cavayé, quand son tour viendra dans mon défi dvdthèque : https://www.senscritique.com/liste/Le_mur_du_cinema_dvdtheque_systematique_et_irraisonnee/2617838)