All Quiet on the Western Front : Un film de guerre d'une modernité stupéfiante.

Lewis Milestone adapte le roman éponyme de Erich Maria Remarque, moins d’un an après sa sortie en librairie. L'auteur s’est inspiré de sa vie pour proposer sa vision de l’armée allemande pendant la première guerre mondiale. Ce film brasse l’ensemble des thématiques abordées dans les films de guerre jusqu’à ce jour.


(l’enrôlement des jeunes au nom de valeurs patriotiques et héroïques, désillusions sur le terrain, blessures psychologiques et physiques, le retour au pays....)


C’est sans doute l’un des plus complets et des plus intéressants que j’ai pu voir, autant sur le fond que sur la forme. Les acteurs s’en sortent bien. Surtout Lew Ayres dans le rôle de Paul, jeune recrue sur le terrain.


La réalisation est impeccable et très moderne dans la construction des scènes. On peut voir des travellings arrière, en légère plongée, ou latéraux, pour montrer l’affrontement des deux armées dans les tranchées. Pour éviter la censure d’une scène au lit, Milestone nous propose un plan fixe ou l’on peut voir sur un mur, grâce à lune, l’ombre d’une tête de lit, tout en entendant les propos des deux personnes. A un autre moment, il propose un time-lapse. Cela donne une certaine modernité formelle au film.


Malgré ces qualités cinématographiques, le montage a été revu à plusieurs reprises, à cause de la censure. Devant la fébrilité du studio Universal de diffuser un tel film sur grand écran, il y a eu des remaniements dans le montage et certaines scènes tournées ne seront jamais incluses dans le long métrage. Il a été censuré en France jusqu’en 1963, à cause d’une scène dans les tranchées entre Paul et un soldat français, Duval. La censure la plus virulente a été effectuée en Allemagne, à cause de la pression de Goebbels et du parti nazi qui ont réussi à l'interdire de diffusion. Notamment pour les raisons suivantes :
- La représentation de l’armée allemande « discutable » dans certaines scènes
- La situation politique et sociale du pays au moment de sa sortie en 1930.


Lors de la ressortie du film, certaines scènes étaient coupées comme celle de l’entrainement des recrues dans la boue, par exemple.


Au niveau du fond, c’est l’un des premiers films à décrire l’ennemi dans un conflit, avec une certaine humanité, tout en essayant de rester le plus réaliste possible. Sans pour autant tomber dans le ridicule ou en méprisant ce qu’il représente.


A l’ouest, rien de nouveau n’a pas volé ses récompenses : Oscar du meilleur film et celui de meilleure réalisation, en novembre 1930. Le réalisme, la force et le symbolisme de certaines scènes ont font un film indispensable et inoubliable dans le genre, malgré son âge.


N.B : Je remercie Arte d’avoir diffusé ce film et son making-of dans le cadre de l’anniversaire du centenaire de la Grande Guerre.

Hawk
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le 6 juin 2015

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Hawk

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