Injustice familiale (scandal in the family)

Je n'avais pas revu ce film depuis très longtemps et me suis efforcé de le regarder "comme si c'était la toute première fois" comme le chantait Jeanne Mas... En faisant abstraction du "mythe James Dean" et de sa soi- disant "fureur de vivre" qui se termina en "coup du lapin" dans une Porsche...
Contrairement à cette voiture de course, cette histoire traîne un peu au démarrage (vous avez noté l'enchaînement subtil ?) mais on entre ensuite malgré soi dans le scénario et on est victime du syndrome de la grande roue à la foire aux manèges : on ne peut plus en descendre lorsque c'est parti...
Le scénario est une petite merveille de sobriété, de simplicité, et on se range aisément aux côtés de cet homme injustement traité, pas encore sorti de l'adolescence et qui souffre de ne pas être aimé. Et qui fait tout pour s'attirer les bonnes grâces d'un père célibataire qui lui préfère un frère plus "normalisé" que ne l'est ce rebelle...
Quant au casting, il me laisse dubitatif ! C'est le premier et antépénultième film de James et sa manière de jouer crève l'écran ! Comme acteur, il renvoie dans ses starting-blocks Richard Davalos qui joue lui le rôle d'un frère exemplaire. Et on dirait qu'on a évité de confronter Dean à des acteurs plus talentueux ou plus matures dans le métier ? Car la distribution ne comporte pas vraiment de têtes d'affiches... Ce qui ne l'empêcha pas d'attirer 4,2 MM de spectateurs français en salles ! Rare performance pour l'époque.
C'est d'ailleurs un peu dans ces mêmes circonstances de "chien perdu sans collier" que Kazan, le réalisateur, avait fait la connaissance de celui qui incarna la fureur de vivre des jeunes américains : James Dean : il semblait attendre quelque chose sur un banc d'Hollywood...Dieu sait quoi...
Kazan crée aussi autour de son histoire une ambiance qu'on ressent mais qui est difficilement explicable...Et qui contribue à ce que l'on ne regarde pas cette aventure de l'extérieur mais en s'y intégrant à son insu. C'est plutôt rare..
Les décors sont soignés, et a musique se fait oublier : tout concourt à la véracité du récit sans que des flash-back ou autres gadgets artificiels viennent casser le rythme de cette aventure mi-dramatique, mi-amoureuse...
La vie renaît avec la mort : telle pourrait être la conclusion métaphysique de ce beau récit admirablement joué et mis en scène...
Arte le 10.03.2019

270345
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 14 mars 2019

Critique lue 201 fois

1 j'aime

270345

Écrit par

Critique lue 201 fois

1

D'autres avis sur À l'est d'Eden

À l'est d'Eden
Ugly
7

Parabole biblique

Premier film en couleur et en cinemascope d'Elia Kazan, cette adaptation du livre de John Steinbeck peut surprendre ceux qui l'ont lu car il ne reprend qu'une partie du bouquin, celui-ci couvrant une...

Par

le 10 mars 2019

23 j'aime

10

À l'est d'Eden
pphf
6

A l'est, du nouveau ?

Depuis Viva Zapata, le compagnonnage est long entre Elia Kazan et John Steinbeck. East of Eden est un roman foisonnant, très difficile à adapter. Kazan doit donc opérer des choix – il va concentrer...

Par

le 31 mai 2014

23 j'aime

7

À l'est d'Eden
Sergent_Pepper
6

Rebel without a pause

L’histoire juge : d’un côté, un monument de la littérature, saga familiale au long cours et description habitée des lieux d’enfance de Steinbeck. Un roman difficilement adaptable au vu de son ampleur...

le 6 juin 2019

18 j'aime

Du même critique

Gorge Profonde - Quand le porno est sorti du ghetto
270345
2

Tu te laves toi après avoir fait l'amour ? Ben oui, pourquoi ? (suite ci-après)

Tu te laves toi après avoir fait l'amour ? Ben oui, pourquoi ? (suite ci-après Ben parce que tu devrais baiser plus souvent !Ce film commente deux choses : la sortie du film "Gorge Profonde" en...

le 19 août 2022

8 j'aime

13

La Baule-les-Pins
270345
3

La Baule ? Sans le punching !

La Baule ? Sans le punching !La réalisatrice et aussi co-scénariste (ça fait déjà beaucoup !) avait très mal vécu jadis le divorce de ses parents quand elle avait douze ans... De là à faire de...

le 20 janv. 2021

8 j'aime

13

Nell
270345
8

La femme, même sauvageonne, sera toujour un sujet sur lequel j'aime m'étendre...

Malgré toutes mes recherches, je n'ai pas réussi à savoir pourquoi ce si beau film avait été affublé d'un titre aussi neuneu ! C'est même la seule chose ratée dans cette oeuvre ! Certes, l'histoire...

le 21 déc. 2019

8 j'aime