Un film fait avec le cœur, et beaucoup de tripes aussi...

De bonnes idées, un concept, "A l'intérieur" les a, mais ce que "A l'intérieur" n'a pas, c'est un résultat concret. Un film d'horreur français qui démontre qu'on ne peut pas percer dans le film de genre made in France si on se n'appelle pas Alexandre Aja.


Parce que oui, "A l'intérieur" est un beau ratage. Tout au long du film me sont venues d'étranges réflexions:
"ça fait quand même beaucoup de morts tout ça"
"ça fait beaucoup de sang pour pas grand chose"
"Ah, c'est pas Evil Dead?"
"Putain, non, pas le chat"
"La porte de la salle de bains est quand même pas très solide"
"Mais où est Olivier de Carglass?"
"C'est pas son jour"
"Triste réveillon"
"J'ai jamais vu des ciseaux qui coupaient aussi bien"
"ça donne envie d'être parent, ce film..."
"Voilà, ce que ça apporte de porter un enfant"
"C'est un combat d'infirmes, en fait. Il ne manque plus que Donald Trump"


Premier gros souci: Le film n'a aucune crédibilité. Si il l'était, toutes ces questions absurdes ne m'auraient pas effleuré l'esprit. Il y a deux fois trop de morts, des ficelles énormes, faute à un scénario crétin. Quand on est policier et qu'on pénètre une maison jonchée de cadavres de ses collègues, on appèle des renforts, on ne se la joue pas "Warrior" enchaîné à une racaille de bac à sable qui plus est. (Ce qui permet néanmoins de faire grimper le Bodycount de 2). Les archétypes ne sont pas le primordial problème, le primordial problème qui rend ce film invraisemblable, c'est le contenu: sa violence graphique.


Bon dieu, mais que ce film en fait des caisses! Plutôt que d'opter pour un petit huis-clos lorgnant du côté d'un Polanski sous des airs de thriller, Bustillo et Maury choisissent de réaliser un film gore. Non seulement, ce n'est pas pertinent, mais ils font clairement dans la démesure en offrant au téléspectateur des geysers de sang ridicules et des meurtres, sauvages certes mais sans impact. Sans impact, parce que, justement, ce film est réalisé sans panache. L'ambiance n'y est ni anxiogène, ni poisseuse. Nous assistons, l'air hagard à cette succession de scènes gores sans vie (Ironique).
Pour un film d'horreur qui mise tout là dessus, le résultat , somme toute surréaliste, n'est pas celui escompté et il s'avère assez paradoxal, ces mêmes scènes n'inspirant pas spécialement le dégoût. (Coucou, le latex)


Deuxième gros souci: L'immersion. Rien n'aide à rentrer dans l'histoire. Les protagonistes sont antipathiques, les scènes à teneur dramatiques semblent émaner d'un travail vidéo estudiantin (Il ne manque plus que les scènes de Flash-Back en noir et blanc, tiens) , les personnages censés assurer la sécurité de Sarah sont débiles, les lignes de dialogues ne sont guères passionnants, le contexte social est hors sujet et sans influence sur le déroulement du récit.


Dernier gros souci: l'intrigue même. De prime abord, elle est intéressante sur le papier. Mais portée à l'écran, elle est navrante. Le postulat de base est intriguant, et franchement peu exploité. On parle tout de même d'un huis clos dans lequel une jeune femme enceinte est harcelée par une autre femme dont elle ignore sa présence chez elle et sa hargne contre elle. Seulement, vu la façon dont les évènements vont prendre de l'ampleur, le script suit, sans intelligence ni réflexion. "A l"intérieur" est terriblement fataliste. C'est donc une réelle déception, d'autant plus que le final ne pouvait pas être plus prévisible....


Pour leur premier long-métrage, Bustillo et Maury n'impressionnent pas, tentent de faire vaguement passer une intrigue à coups de scènes-choc et se vautrent, livrant un film défaitiste, faussement cruel mais surtout agaçant et abrutissant. Ni le téléspectateur lambda, ni le fan hardcore n'y trouvera son compte. Avec une telle intrigue, ce n'est clairement pas ce genre de scénarios qui se prête à la surenchère.


Chers Alexandre Bustillo et Julien Maury, si vous lisez un jour cette critique négative, et j'ai des raisons de le penser puisque nous parlons tous les trois la langue de Molière, que vous, monsieur Bustillo étiez journaliste chez l'éminent Mad Movies et que Sens Critique est le favori des critiques en herbe comme moi-même, vous m'en voyez désolé. Mais
Allez, je vais être patient et donc attendre encore un peu votre prochain long, "Leatherface", qui j'espère, me réconciliera avec vous et me redonnera de l'espoir en vous et vos capacités. (Et parce que, vous ne pouvez pas faire pire que la majorité des séquelles de Massacre à la tronçonneuse réunies). Bisous.

QuentinDubois
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le 11 nov. 2016

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Quentin Dubois

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