Pendant près de quatre heures de film, Wang Bing nous fait découvrir les conditions de vie d'hommes internés en asile psychiatrique. On est plus proche du documentaire que du film, il n'y a pas de réel scénario installé, ce sont les patients qui dictent avec naturel ce que W. Bing filmera. Ce dernier ne fera que s'attarder sur les hommes traités en question.
L'immersion qu'"A la folie" dégage est presque incroyable tellement le réalisateur sait s'effacer derrière la caméra. Dans des conditions de vie misérables (des pièces de quelques mètres carrés dans lesquelles s'entassent plusieurs patients) et avec pour seul lieu de promenade un couloir de 3m de large, Bing saisit l'intimité de ces gens tout en sachant paraître invisible. Cette intimité est par ailleurs inexistante puisque aucune porte n'est refermable, sans compter qu'il n'y a pas de toilettes ou de douches... On est donc placé dans une position de témoin incapable de s'échapper de ces quatre heures d’oppression. C'est là qu'est toute la force du film, placer le spectateur dans une position qui relève presque du voyeurisme, cependant certaines images sont d'une dureté et d'un réalisme qu'on aurait préféré ne pas les voir.
L'aspect le plus effrayant du documentaire est la totale lucidité des patients sur leur état d'esprit. Heureusement ceux-ci savent partager, s'entraider et se porter assistance car ils n'ont que trop conscience de la galère dans laquelle ils sont.
Bref, critique un peu courte par rapport à la densité du sujet traité cependant le film parle pour lui-même, il faut simplement se laisser faire et rentrer dedans malgré la difficulté que cela puise représenter.