Mince, je ne m'attendais pas à faire partie des mécontents au sujet de ce film. J'avais bien aimé "Tree of Life" ; je l'ai vu au cinéma et je me suis procuré le DVD quand il est sorti (pas revu depuis, ceci dit). Pour moi, "Tree of Life" jouissait d'une nouvelle forme de narration. J'ai quelques souvenirs intacts. Mais c'est quand même très flou. C'était il y a 5 ans. "To the wonder" m'a paru si pauvre que j'en viens à me demander si les deux films sont réalisés de la même manière. Si oui, cela veut dire que mes goûts ont évolué. Si non, cela veut dire que Malick a tenté d'aller plus loin dans sa démarche.


La narration est ici inexistante. Il n'y a vraiment rien. Tout juste pourrions-nous comparer le film à une sorte de mémoire à cause de son aspect décousu : des petites scènes qui se suivent, connectées par une voix off qui ne cesse de répéter les mêmes choses. Une petite évolution a lieu dans cette histoire d'amour, mais au final, nous ne la vivons pas. Aucune situation ne nous est présentée, juste des fragments. Et on dirait que le film a été tourné de cette manière : par fragments. Parce que je n'ai pas vraiment senti de réelle complicité entre les personnages, comme si les acteurs devaient se prétendre amoureux juste le temps d'une scène, d'un plan. Il y a aussi cette volonté de comparer à la nature, à la foi. Parfois ça marche et puis parfois ça ne veut juste rien dire. À croire que Malick avait fumé un bon paquet de Marie-Jeanne le jour où il a pondu cette scène. En même temps, vu que l'histoire s'est écrite sur le moment du tournage, c'est normal aussi que ce soit un peu chaotique.


La mise en scène ne convainc pas vraiment. Le point positif, c'est que c'est très beau, et que Malick utilise très bien son grand angle. Mais bon... cela suffit-il à faire un film ? Pas vraiment. Surtout que, au-délà du cadrage, c'est filmé n'importe comment : des mouvements qui ne veulent plus rien dire, ce ne sont que des tics, des manières de faire qui n'ont aucun sens ; un sur-découpage agaçant qui empêche de profiter de la beauté des plans mais aussi des acteurs ou de l'histoire ; des acteurs qui semblent n'avoir aucune scène ensemble, parce que Malick morcelle tout (Ben Affleck a l'air totalement largué, pas étonnant qu'il n'ait pas trop aimé ce film) ; un jeu sur la symbolique tantôt lourd, tantôt confus ; la nature toujours présente, on se demande parfois pourquoi (je me souviens qu'un acteur avait décrit la manière de filmer de Malick assez déroutante : ils étaient en plein dans un dialogue, quand soudain, Malick s'est mis à filmer les arbres au lieu des acteurs... en fait, le type fait ça tout le temps, à croire qu'il ne sait pas se concentrer, d'ailleurs sa caméra bouge constamment pour se fixer sur des choses sans importances ; c'est parfois beau mais c'est souvent ridicule dans ce film-ci) ; la musique est parfois un peu expérimentale, douce, tendre et puis parfois elle est trop explicite, trop envahissante, trop démonstrative.


Bref, de ce film, je n'en retiendrai que de jolis plans. Pour le reste, c'est très pauvre : un scénario décousu, sans enjeu et une mise en scène chaotique.

Fatpooper
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le 27 janv. 2016

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