Dans Abracadabra, Pablo Berger fait feu de tout bois. Son drame amoureux emprunte à la comédie domestique, au fantastique et même au film d’horreur. Jusqu’à l’hypnose, le numéro d’illusionniste du cinéaste espagnol est réalisé avec une générosité par instant exagérée au point d’introduire une certaine confusion dans le déroulement du récit.
Il est possible de ranger Abracadabra quelque part entre Pedro Amoldovar post Movida et Woody Allen sans omettre une pincée d’excentricité façon Alex de la Iglesia. De ce dernier, Berger emprunte aussi l’acteur Antonio de la Torre, vu récemment dans Que dios nos perdone. Carlos, son personnage, archétype du machisme ordinaire, forme un couple dépareillé avec Carmen incarnée par Maribel Verdú déjà enrôlée par le cinéaste dans Blancanieves (2012).
L’actrice espagnole est d’ailleurs l’un des rares composants permettant de tirer une filiation entre les deux derniers films de Berger. En effet, au noir et blanc expressionniste de Blancanieves répond l’esthétique très colorée d’Abracadabra. Les deux films partagent cependant un même soin apporté au côté très graphique de leur esthétique respective.