La critique complète du film : http://cinecinephile.com/ad-astra-james-gray-vers-les-etoiles-cinecinephile/


Deux ans après The Lost City of Z (2017), James Gray revient en s’attaquant cette fois-ci au genre de la science-fiction avec Ad Astra. Une odyssée spatiale présentée comme une variation autour d’Au cœur des ténèbres, le roman de Joseph Conrad ayant inspiré Apocalypse Now de Francis F. Coppola (1979), que le cinéaste revendique comme l’une des principales inspirations de ce nouveau film, la seconde étant évidemment le 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick (1968). Septième film du cinéaste américain, Ad Astra s’annonçait comme son projet le plus ambitieux. Et il s’avère qu’il s’agit probablement d’une des plus belles œuvres de sa brillante filmographie.


Ad Astra (« Vers les étoiles » en latin) dépeint un futur proche dans lequel l’homme se tourne vers l’espace en quête de progrès et de réponses aux questions existentielles qu’il se pose. C’est ainsi que le cinéaste introduit le contexte de son nouveau film. Ad Astra nous conte le récit intérieur de l’astronaute Roy McBride (Brad Pitt, bouleversant), un homme solitaire qui part à la recherche de son père, Clifford McBride (Tommy Lee Jones, tout aussi poignant), disparu depuis 16 ans dans l’espace à la recherche de formes de vies intelligentes, afin de répondre à l’une des questions les plus existentielles que se pose l’humanité : « Sommes-nous seuls dans l’univers ? ».


De ce point de départ plutôt simple et déjà vu dans le cinéma de science-fiction, James Gray nous emmène dans un voyage intérieur aux confins de l’univers, de la même manière que l’Amazonie devenait un espace mental pour Percy Fawcett (joué par Charlie Hunnam), son personnage dans son précédent film, The Lost City of Z. Depuis quelques années, plusieurs cinéastes s’essayent à une science-fiction réaliste pour nous raconter le récit intérieur de leurs personnages. Cooper (Matthew McConaughey), obsédé par le retour au « Home », à la maison, pour retrouver sa fille, dans Interstellar de Christopher Nolan (2014). Le docteur Ryan Stone (Sandra Bullock), à la recherche d’une raison de retourner sur terre, en plein deuil de la perte de sa fille, dans Gravity d’Alfonso Cuaron (2013). Ou encore le Neil Armstrong interprété par Ryan Gosling dont la mission Apollo 11 devient un espace mental dans lequel l’astronaute fait le deuil de sa fille dans First Man de Damien Chazelle (2018). Roy McBride rejoint ces personnages dans leur quête intérieure, dans leur solitude au milieu de l’immensité intersidérale, à la différence que James Gray propose un film de science-fiction cohérent avec le reste de sa filmographie. À la grandiloquence émotionnelle de Christopher Nolan et de son Interstellar (avec lequel le cinéaste partage son directeur de la photographie, Hoyte Van Hoytema, qui opère un travail sur la lumière d’une beauté sidérante), James Gray préfère l’intimisme, le contemplatif et l’errance existentielle de son personnage dans sa solitude.


[...] Si Ad Astra préfère par moment la froideur clinique et la distance du 2001 de Kubrick à la grandiloquence sentimentale d’Interstellar de Nolan, cela ne lui empêche pas pour autant d’être bouleversant lorsqu’il dépeint l’errance existentielle d’un homme perdu au milieu du vide sidéral, dans sa propre solitude, à la recherche d’un foyer. Il est toujours question de l’éternel retour au « Home », déjà omniprésent dans le film de Nolan. Un retour à la maison qui s’opère par un long chemin vers un deuil inachevé qui se trouve à des années-lumières.


Marchant dans les pas de Christopher Nolan et de son Interstellar, James Gray signe avec Ad Astra une odyssée spatiale existentielle et profondément humaine, doublée d’une véritable réflexion sur la solitude de l’homme au milieu du vide intersidéral, porté par un Brad Pitt bouleversant. Un voyage intérieur d’une beauté sidérante, où James Gray trouve vers les étoiles ce qui s’impose comme son plus beau film depuis La nuit nous appartient. Un chef-d’œuvre.

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