The enemy up here is not a person or a thing. It’s the endless void.

Un film de science-fiction qui se pare d’une ambiance très atmosphérique. La facilité voudrait le rapprocher d’un 2001, mais James Gray propose ici un film qui regroupe éléments qui composent le catalogue des films traitant des quêtes initiatiques des héros. Une atmosphère contemplative qui crée presque un faux rythme, là où le film ne contient au final pas de longueur et se laisse voir comme une fresque. Les quelques fulgurances d’actions viendront d’ailleurs presque comme une incohérence et, pourtant, toutes ont une certaine majesté qui renvoie au rythme global du film. Comme si celui-ci se calait sur le rythme cardiaque de son personnage (dont la caractéristique et qu’il ne s’emballe jamais).


Le film aborde plusieurs thématiques qui s’articulent autour de l’exploration spatiale sans faire de l’ombre. Outre la quête initiatique et la quête de la figure paternelle à travers ses propres épreuves, le film aborde aussi la problématique actuelle sur l’état psychologique des astronautes pour les longs trajets montrant ainsi des personnages dans un contrôle permanent, oppressif, invasif même. Et là où on pourrait presque y voir une pointe dystopique, l’intrigue apportera elle-même sa réponse, une réponse qui aussi glaçante qu’elle soit a du sens dans cet univers. On voit les effets de la solitude mais aussi et surtout d’être seul.


L’autre point que le film aborde de front, c’est bien sûr la recherche de vie extraterrestre et, par ce vecteur, la recherche en générale et ce qu’elle peut demander comme sacrifice et la frustration que peut engendrer une expérimentation et ses résultats. C’est quelque chose qu’on voit rarement au cinéma, du moins dans la façon dont James Gray l’aborde. Par conséquent, sans avoir recourt à l’extraordinaire ou à l’épique, Ad Astra nous emporte dans une histoire palpitante vers les merveilles de l’espace. Seul point négatif : le rôle donné aux personnages féminins. Non seulement elles sont peu nombreuses, mais en plus le rôle est extrêmement limité par rapport à l’intrigue même.


Le casting sera dans l’ensemble plutôt bon. Brad Pitt est sans doute celui qui propose la meilleure interprétation, mais aussi parce qu’il a le rôle le mieux écrit. Donald Sutherland et Tommy Lee Jones ont malheureusement trop peu pour s’exprimer pleinement. Ruth Negga proposera quelque chose d’intéressant, mais encore une fois, trop peu pour vraiment construire quelque chose de solide et marquant. Je ne parle même pas de Liv Tyler, qui n’est qu’épileptique (faut vraiment ne pas cligner des yeux pour ne pas la rater).


Techniquement, le film est très solide. La musique participe à créer cette ambiance atmosphérique, plus proche du contemplatif et du mystère psychologique que de la SF épique d’action. Les décors et les effets spéciaux sont topissimes, que ce soit l’intérieur des fusées ou les décors extraterrestres, tout comme pour les quelques scènes d’actions présentes et la simulation de l’apesanteur et autre aventure spatiale que le film réserve. La mise en scène de James Gray sera dans l’ensemble de bonne facture, sachant jouer avec son décor et ses acteurs tout en narrant sa propre histoire avec un montage intéressante.


Toutefois, c’est la photographie qui est ici bluffante (on reconnaît le travail de Van Hoytema, qui a travaillé sur Dunkerque et Interstellar, avec qui Ad Astra a beaucoup de points communs, mais aussi La taupe, Her ou encore Spectre), que ce soit sur la lumière même ou le jeu des couleurs, chaque scène a une signification et une histoire à part de l’intrigue principale. L’escapade lunaire sera sans doute celle qui résumera le mieux l’aboutissement technique du film, mais chaque « lieu » a sa propre gamme de couleur, créant une atmosphère à part et pourtant homogène à travers le film. Grandiose et de toute beauté. Je n’ai pas pu le voir en IMAX, mais il suffit de 5 minutes pour comprendre que ça vaut largement le coup !


Bref, un film de hard SF extrêmement intéressant et de bonne facture. Étonnamment, il ressemble à ce à quoi je m’attendais au vu de la bande-annonce et de ce que j’avais pu lire. La conclusion ne laissera aucune déception même si elle peut paraître brutale et précipitée.

Créée

le 22 sept. 2019

Critique lue 169 fois

vive_le_ciné

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