Dur d'en parler en quelques mots seulement, et attention, je vais raconter la fin. Je pense que c'est un chef-d'oeuvre, que c'est le plus beau remake d'Apocalypse Now que j'ai pu voir, et que c'est l'un des films qui traite le mieux de la question de tuer le père pour pouvoir exister en temps qu'individu, même si l'acte de tuer le père plonge l'individu dans une profonde solitude et face au néant le plus total, représenté ici par l'infinité de l'espace. Les niveaux de lectures sont intéressants car dans le Coppola il fallait tuer le père de manière spirituelle, alors qu'ici Tommy Lee Jones est plus que le colonel Kurz de Brad Pitt, il est aussi son vrai père. Et dans Ad Astra, sauver le monde revient à tuer le père spirituel pour exister en temps qu'homme et à tuer son vrai père. Mais l'acte de tuer son père, ou tout du moins d'assister à sa disparation, peut être vu comme une libération, l'homme se disant c'est maintenant à mon tour de vivre, mais c'est aussi et surtout un grand plongeon dans le néant car outre le fait qu'il n'y a plus personne pour te tenir la main, cela signifie aussi que le prochain à y passer c'est toi. Gray filme tout cela de manière intelligente, fine, à l'instar d'un Kubrick sur 2001, d'un Nolan sur Interstellar ou d'un, je me répète, Coppola sur Apocalypse Now qui est vraiment la référence première. Le film, toujours en mouvement, n'étant rien d'autre qu'un voyage à la fois physique et mental, dans les méandres de l'univers et les méandres d'un cerveau, pour remonter à la source originelle et la supprimer. Bon sinon c'est une perfection de mise en scène, il met tout le monde, et tout le cinéma commercial américain, à l'amende, et c'est une splendeur visuelle. Mais splendeur de scénario aussi, pas de gras, que de l'os, à qui certains ont reproché la voix-off mais son utilisation malickienne (du temps de sa splendeur) et l'intelligence de ce qu'elle dit me conviennent parfaitement. Bref, dans le top 3 de l'année, haut la main.

FrankyFockers
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 27 sept. 2019

Critique lue 468 fois

3 j'aime

FrankyFockers

Écrit par

Critique lue 468 fois

3

D'autres avis sur Ad Astra

Ad Astra
lhomme-grenouille
5

Fade Astra

Et en voilà un de plus. Un auteur supplémentaire qui se risque à explorer l’espace… L’air de rien, en se lançant sur cette voie, James Gray se glisse dans le sillage de grands noms du cinéma tels que...

le 20 sept. 2019

206 j'aime

13

Ad Astra
Behind_the_Mask
9

L'espace d'un instant

Il faut se rappeler l'image finale de The Lost City of Z : celle de cette femme qui franchit symboliquement une porte ouverte sur la jungle pour se lancer à la recherche de son mari disparu. Ce motif...

le 18 sept. 2019

175 j'aime

24

Ad Astra
Moizi
9

« Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie. »

Film absolument sublime, sans nul doute le meilleur Gray que j'ai pu voir et l'un des meilleurs films se déroulant dans l'espace. J'ai été totalement bluffé, je me doutais bien que le véritable sujet...

le 24 sept. 2019

121 j'aime

15

Du même critique

Forever Changes
FrankyFockers
10

Critique de Forever Changes par FrankyFockers

La carrière de Love n'aura duré que de 1965 à 1970. Un bien court moment, mais qui marquera à jamais l'histoire de la musique rock et qui fera du groupe le plus grand représentant du psychédélisme...

le 24 avr. 2012

67 j'aime

10

Body Double
FrankyFockers
10

Critique de Body Double par FrankyFockers

Pourquoi ce film est-il si important dans l'histoire du cinéma moderne ? Voici une question qui mérite d'être analysée, comme il convient aussi de s'arrêter quelque peu sur le cas Brian de Palma, le...

le 23 avr. 2012

59 j'aime

4

Le Charme discret de la bourgeoisie
FrankyFockers
10

Critique de Le Charme discret de la bourgeoisie par FrankyFockers

Sorti sur les écrans en 1972, Le Charme discret de la bourgeoisie se situe en plein milieu de la période française de Bunuel, sa dernière et aussi l'une de ses plus intéressantes. L'âge n'a jamais...

le 23 janv. 2012

44 j'aime

1