Sympa mais une ou deux petites choses me chiffonnent...

Je ne connais pas spécialement la filmographie de James Gray hormis The Lost city of Z mais ça m'a donné envie de me pencher plus en détails sur la filmographie du bonhomme. Globalement j'ai bien apprécié le film Ad Astra, je pense que ça vaut vraiment le coup d’œil. Au passage, je spoile.


Le film donc : visuellement c'est hyper beau et ce dès la première scène avec cette gigantesque antenne qui relie la terre à l'espace, les péripéties sur la lune, la station sur mars, l'ambiance vers Neptune, bref on a des étoiles pleins les yeux du début à la fin (que je suis marrant). On ne découvre pas de nouvelles planètes, de nouveaux environnements, à l'instar d'un Interstellar ou d'un Star Wars, mais on est pas du tout, vraiment pas du tout, là pour ça (l'espace n'est finalement qu'un prétexte). De fait, les images qu'on a des stations sur la Lune ou Mars n'ont rien de vraiment très originales, on est en terrain ''connu'' ce qui, en un sens, va poser un problème que je développerais plus loin. Mais cette ''non-originalité'' est entièrement raccord avec le message du film : ce qui compte n'est pas à Bab el oued-Les-Bains mais sous notre pif (et donc, pas de planètes avec des vagues de 30 mètres à la con), et montrer ces décors de cette si jolie façon n'a donc rien d'étonnant.


L'histoire va se concentrer notamment sur le rapport père-fils entre Brad Pitt et Tommy Lee Jones, une sorte d'Odyssée homérique aux teneurs plutôt psychologiques. D'ailleurs, un plan semble carrément faire une référence à Polyphème (en tout cas, au cyclope) quand Pitt rentre dans un vaisseau et que l'ombre sur son casque forme une sorte d’œil noir. On retrouve comme dans la cité perdue de Z ce rapport entre le père et le fils, mais cette fois, l'enfant ne va pas se faire blacked in the jungle en suivant aveuglément le père dans ses errances mais va devoir littéralement couper le cordon afin de s'émanciper et de prendre un nouvel envol. Si ce message ne m'a pas vraiment touché, sans doute parce que j'ai moins de soucis avec mon paternel que James Gray, j'ai quand même eu un peu le sentiment que c'était fait de façon assez cucul. Et après trois jours le fils revit et rebaise sa dulcinée toussa toussa, happy-ending, joie et félicitée. Je suis un peu moins friand de cette idée qu'un personnage est ''soudainement touché par la grâce'' pour revivre. Je sais que c'est très fréquent dans les histoires mais quand le personnage était initialement si sombre et si vide, le changement a l'air trop forcé, trop soudain, trop brutal.


Un point qui mérite d'être relevé c'est les petites piques lancées à l'humanité, notamment dans le fragment qui se déroule sur la lune, comme pour dire qu'on est voué à toujours faire les mêmes imbécillités jusqu'à foutre un Subway là-haut (la salle a rigolé en voyant cette image mais en vrai, ça n'a, je pense, rien d'improbable).


Un problème que j'ai eu avec le film c'était la manière qu'il a de flirter avec le réalisme, comme le fait de rester en planètes connues. Ce n'est pas tant le réalisme qui pose problème, c'est surtout que c'est un peu une sorte de réalisme à deux vitesses qui est proposé et je suis un peu pénible avec ça. Autant quand je regarde Interstellar je sais que c'est n'imp' et qu'on est plus sur une sorte de récit fantastique, un conte, qu'autre chose, autant avec Ad Astra il y a des petits détails qui m'ont un peu sorti du film. Déjà la scène avec les singes, j'ai pas compris ce que ça foutait là sinon me rappeler que je regarderais bien Alien à nouveau. Le fait que Brad Pitt se promène en fusée tout seul (j'suis pas astronaute mais ça me paraît assez improbable), devienne fou pour 3 minutes avant qu'on passe à totalement autre chose sans plus y faire allusion (je sais bien que c'est pour faire écho à la folie du père mais c'est tiré par les cheveux). Enfin, sans toujours être spécialiste, n'est-ce pas?, je pense que l'explosion nucléaire a surtout tué Brad Pitt et complètement brûlé sa fusée plutôt que de l'avoir ramener oklm sur terre. Les autres astronautes qui clamsent en deux secondes et demi sans raisons, incapables de bloquer leur respiration (le type que Pitt essaie de sauver en lui foutant de l'oxygène, regardez-le bien, car il est parfaitement inutile). Je sais bien que c'est de la SF et du cinéma et que réclamer du réalisme c'est con, mais je sais pas, il y a quelque chose qui n'est pas bien passer entre moi et ces scènes. Le feeling y était mais on a pas couché. Dommage. Le truc c'est que, comme l'histoire prend place dans un monde qui nous est connu sans ajouter un côté loufoque/décalé ou n'importe quoi qui justifierait ces écarts logiques, bah je n'ai rien trouvé dans le film qui rendait ''plausible'' ces scènes. En soit, c'est pas si dramatique que ça et ça ne plombe pas le film, loin de là. C'est du pinaillage mais m'est avis que l'histoire ne se souviendra pas d'Ad Astra pour sa fascinante mais ô combien sortie de nulle part et inutile scène avec les singes.


Au-delà de ces petits détails, Ad Astra vaut clairement la peine: c'est beau, c'est malin, c'est intéressant, le discours sur la vie extraterrestre se prête magnifiquement à l'histoire et au message que James Gray essaie de faire passer, la tension dans les scènes est correctement dosée, le rythme est assez lent et lancinant mais arrive à nous garder en haleine le long des 2h de film que je recommande, un bon moment de ciné' en perspective !

Ji_Hem_
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le 1 oct. 2019

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