Avant d'aller plus...avant, je me dois de protester contre et la moyenne lamentable du film sur SC et les recettes peu engageantes engendrées par ce film beau et intelligent, à l'inverse des vaches à lait (...) SW ou Avengers sans fin ni fond pourtant adoubées et par une majorité sur SC et par le public en général.
Je n'ai rien contre les blockbusters mais c'est rageant de voir que des oeuvres qui amènent à la réflexion soient ainsi négligées au profit de pompes à frics.
Je commence à croire que seuls les gros films décérébrés et plein de CGI contentent le public actuel, ce qui est bien triste, je vous le dis en vérité...


Ad Astra - moins prétentieux au demeurant qu'Interstellar, que j'apprécie pourtant - propose une quête initiatique de la figure paternelle en milieu hostile...mais tellement fascinant.


Sans pathos inutile ou blabla mystico-technique, le film de James Gray se targue en plus de donner son meilleur rôle à Tommy Lee Jones, si beau et si déterminé dans son voyage à la recherche de la vérité.
Brad Pitt ne démérite nullement et fait montre d'un jeu plus profond qu'à l'accoutumée, lui qui ressemble de plus en plus à son ainé Robert Redford au même âge (c'en est même troublant).


La réalisation sobre de Gray et les images magnifiques (ces plans !!!) illustrées par le splendide score de Max Richter et Lorne Balfe achèvent de faire de ce film la pépite de 2019.


Comme dit plus haut, la mission de Roy McBride - en gros, sauver la Terre d'apocalyptiques surtensions électriques spatiales - n'est qu'un prétexte pour s'intéresser à cet homme qui va aller à la,rencontre de son père - parti en mission de reconnaissance dans la zone immédiate de Neptune - censé être mort depuis 30 ans...


C'est donc ce voyage initiatique d'un homme à la recherche de son créateur - le Père - qui imprègne autant de mélancolie ce récit.


A partir de ce point, il y a du spoil, je vous aurai prévenu.


Malgré les exactions commises par McBride Sr - soit l'élimination totale de son équipage - pour continuer sa quête de vérité ("Sommes-nous seuls dans l'Univers ?"), il est le personnage le plus mystérieux du film.


Las de vivre sur une planète où il se sent étriqué (les obligations morales religieuses - et ses travers-, le devoir de travailler pour vivre, l'intolérance, la course à l'argent, la folie des Hommes...) McBride Sr espère trouver la preuve d'une vie extra-terrestre qui sera - peut-être - moins destructrice que l'Humanité, pour éventuellement lui redonner la foi en la Vie.


Cet homme va donc vivre plus de 30 ans tout seul sur sa station spatiale, apprenant à apprécier l'immensité de l'Univers et sa propre recherche intérieure.


Malheureusement pour ses convictions, il n'y trouvera aucune autre forme de vie, aucune conscience. Rien que des planètes - magnifiques certes - totalement stériles.


Il sera donc seul:


-seul dans la station,


-seul en tant que représentant de son espèce, à plus de 4 milliard de kilomètres de la Terre,


-seul en tant que forme vivante,


-seul avec lui-même.


De fait, lorsque son fils réapparaitra soudainement, il ne pourra se résigner à repartir avec lui sur Terre.


Pourquoi repartir dans un endroit que l'on a fuit ?


Pourquoi retrouver les lois rigides des Hommes ?


Pourquoi revenir dans un monde où les Puissants asservissent les pays considérés comme "inférieurs" ?


Pourquoi accepter de vivre au milieu de personnes se jugeant mutuellement:


-sur la couleur de la peau,


-sur les croyances (ou non-croyance) de chacun,


-sur le rang social,


-sur les préférences sexuelles...


Après tout, l'Univers ne juge pas, Lui !
Tout le monde est égal face à l'immensité de l'espace infini et ni les richesses ni le pouvoir ni la force ne saura prétendre y changer quoi que ce soit.


A mon sens, Ad Astra est l'égal du sublime 2001: Space Odyssea, soit une oeuvre habillée de S-F pour nous parler de ce qu'est la conscience d'un être capable d'auto-réflexion et sa place dans un mécanisme bien plus large qui nous dépasse.


Le seul bémol de ce film est la fin en total décalage (car retournée à la demande de ce putain de Disney de merde pour satisfaire les projos-tests).
Mais heureusement, le personnage du "Père" ne sera pas sabré par la caisse enregistreuse mainstream avec de grandes oreilles rondes...


Ainsi, McBride Sr choisit-il de rester là-haut, au milieu des étoiles.
Et je dois avouer que si je m'étais trouvé à sa place, j'aurais sûrement fait pareil...


Flotter dans ce champs d'étoiles - plus anciennes que la vie elle-même - en regardant la magnificence des anneaux de Neptune, dériver dans ce silence si beau et enfin retrouver sa place dans l'Univers, la place même de l'Homme en tant que tel: soit une infime poussière insignifiante et éphémère, n'influant en rien sur la marche du dit Univers.


A chacun sa place et ainsi est la nôtre: une fugace lumière si brève qu'on ne peut la distinguer plus d'un dixième de seconde...


This is TLK, I'm done now.
Signing Off...


Says by Nils Frahm
https://www.youtube.com/watch?v=mwyJ6o1CHZ0

Franck_Plissken
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le 20 janv. 2020

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The Lizard King

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