Après le succès d'Au revoir là-haut que j'avais bien aimé, Albert Dupontel revient à la comédie dont il signe le scénario comme tous ses films. Sont présents au casting Virginie Efira qui ici comme ailleurs depuis plusieurs années joue une femme malheureuse (Suze Trappet), très malade il lui reste peu de temps à vivre, Nicolas Marié dans le rôle d'un archiviste aveugle (monsieur Blin) et Dupontel dans le rôle d'un geek suicidaire (JB). Ces trois personnages solitaires vont se réunir afin de retrouver l'enfant que Suze alors adolescente a abandonné à la naissance.
L'intrigue ne tarde pas à commencer avec une scène spectaculaire où un cadre informatique en fin de carrière tente de se suicider après une déception professionnelle, et c'est là que les ennuis commencent... Suze qui ne connaît rien de JB à part sa profession le kidnappe alors qu'il est évanouit dans le but d'obtenir de l'aide pour retrouver son enfant, comment arrive-t-elle à le porter? Comment peuvent-ils sortir du bâtiment aussi facilement après le carnage? Chaque rebondissement du film paraît aussi artificiel, certes Dupontel revient dans le registre de la comédie burlesque qui a fait sa réputation mais faut-il encore que l'histoire soit un minimum crédible pour que l'on puisse s'attacher aux personnages et au récit. Adieu les cons ressemble à un dessin animé pour adultes où les figures d'autorité dans la police et l'administration n'ont aucune épaisseur et sont toutes ridicules. La critique sociale est pour le moins limitée: les flics sont des cons, les fonctionnaires parlent comme des robots et les décideurs ne sont que fourberie et bassesse.
Le rythme du film est excessivement rapide ce qui ne laisse pas de place pour explorer avec profondeur les personnages, la jeunesse de Suze est décrite par un flash-back bâclé, tout comme la cécité de monsieur Blin, ce personnage d'archiviste aveugle est aussi peu drôle que celui de l'avocat bègue dans 9 mois ferme, on le fait conduire une voiture, il se prend des murs et des portes, répète comme un fou chaque fois qu'il est cerné: "Un handicapé ne va pas en prison! Un handicapé ne va pas en prison!", c'est d'un burlesque balourd, à côté Benny Hill c'est Buster Keaton. Dupontel tourne autour d'un triangle amoureux entre ses personnages, l'archiviste est visiblement sous le charme de Suze et tente d'évincer JB de l'aventure. Tout cela n'est pas très convaincant, Suze ne pense qu'à retrouver son enfant, JB semble asexué, l'archiviste est tout seul dans cette histoire.
Même la réalisation de Dupontel que certains trouvaient trop clinquante dans Au revoir là-haut est devenue étonnamment tranquille, ce cinéaste semble avoir perdu son appétit de cinéma, mis à part la tentative de suicide avec la fuite des témoins terrorisés où j'ai un peu vibré, je serais bien en peine de citer un plan ou une scène marquants. Des gens riaient dans la salle (une avant-première en présence du réalisateur cela dit), le film plaira peut-être beaucoup aux fans de Dupontel mais pour moi Adieu les cons restera une expérience sur l'incompatibilité d'humour.