Quand l'émotion passe au travers du burlesque

Au générique du début du film, on notera l’hommage discret qui est fait à Terry Jones. Hommage qui n’est pas vain car il y a vraiment quelque-chose de Montypythonesque dans ce septième long métrage d’Albert Dupontel. Comme dans 9 mois ferme, le réalisateur choisit un registre franchement burlesque qui regorge d’idées et de trouvailles en tout genre, mais sans jamais perdre de vue le réel et la contestation sociale.


Je ne vais pas revenir sur l’histoire hallucinante que le synopsis résume très bien. Alors oui c’est brouillon, volontairement surréaliste et ça part forcément un peu dans tous les sens. Mais dans le cinéma français actuel, les réalisateurs qui font passer autant de vitalité et d’imagination à l’écran ne sont pas nombreux. De plus il n’est pas courant de voir un film qui, tout en étant clairement réussi et jouissif, laisse deviner une telle marge de progression.


Adieu les cons aurait pu être sublime, mais il est seulement bon. On a l’impression que Dupontel n’ose pas encore tout à fait encore se lâcher. Pas dans le sens de la provocation ou du burlesque, ça il maîtrise, mais véritablement comme cinéaste. On a toujours cette impression de sketchs rapides qui se suivent, même si dans Adieu les cons il réussit aussi quelques beaux moments d’émotion, comme cette scène ou le médecin atteint de la maladie d’Alzheimer retrouve le chemin de chez lui et se replonge dans ses souvenirs confinés dans un cahier.

La durée du film questionne aussi dans ce sens. Pourquoi seulement 1h27, alors que le réalisateur avait visiblement des idées pleines la tête et de l’énergie à revendre? Le film aurait mérité de durer 30 min ou même une heure de plus, ce qui lui aurait permis de s’étoffer et de gagner en densité dramatique.


Enfin il faut souligner que Dupontel acteur, ne se contente pas cette fois de jouer les personnages exubérants et hauts en couleur, mais arrive aussi à faire passer de l’émotion. Il est heureusement bien épaulé par Virginie Effira, sublime une fois de plus.


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Ismael24
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le 21 oct. 2020

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