Albert Dupontel, le redresseurs des torts, le défenseur des opprimés, le pourfendeur antisystème! On connaît la chanson, des planches aux salles obscures ce brave Albert se range du côté des petites gens, son humour et son extravagance lui servant de décapant socio-culturel. Mais à force de gratter le vernis étatique on finit par avoir des échardes pleins les doigts...
Adieu les cons. Le monde semble bien antipathique aux yeux d'Albert Dupontel! Le fantasque névrosé nous entraine dans un univers kafkaïen où la paperasse et les formulaires règnent en dieux ubuesques. Une femme rongée par la maladie et un fonctionnaire suicidaire vont s'allier le temps d'une nuit face à Big Brother... Hélas on opère en à plein régime, on tourne en boucle dans des open-spaces vides, on caricature, on fait de la recup' facile! Bouh la méchante administration sans coeur, bouh les vilains flics assoiffés de violence, bouh cette société avilissante ou l'Homme ne peut plus penser mais seulement exécuter via un formulaire; Le B27 je vous prie mais il faudra attendre qu'il soit tamponné, ahaha!! On fait dans le facile, dans l'opportunisme brûlant, les flics tapent, les technocrates décident et l'émotion s'étiole, l'humour ne grince plus mais il se répète. Un brin facile mon cher Albert...
Un film loufoque mais trop alambiqué. Il suffit de voir la mise en scène... Là ou Haut revoir là-haut tutoyait des sommets d'exigence, Adieu les cons tombe dans le voyeurisme visuel, la caméra cavalcade mais elle prend nos héros de vitesse et l'image l'emporte sur le texte. Virginie Elfira est touchante par intermittence et Nicolas Marié fait ses petits sketchs dans son coin, faute de mieux. L'ensemble arrive à être un peu drôle mais manque d'alchimie. On cours à droite et à gauche, on geint devant tant de tracasseries bureautiques et on résout tout par enchantement grâce à un hacking gavé aux hormones. Arrive la fin ou les mouchoirs sont de bienvenus ainsi que quelques applaudissements avec bobonne pour clamer: "ça fait un bien fou, mais dans quel monde vit-on!".
Albert Dupontel veut faire la nique à la société. Qu'il commence par écouter les autres et peut-être que les autres l'entendront. Dans un dialogue, si il y a deux sourds... La culture ne s'arrête pas au militantisme et au burlesque. Il faut aussi un peu d'humain. Qui est le tartufe dans cette affaire?