J'aime beaucoup l'humour absurde. Il est parfois utilisé avec poésie pour défendre un propos, il est parfois utilisé à l'excès où, à force de gavage, on en perd toute la saveur. Et il ne fait pour moi aucun doute que ce film fait partie de la catégorie de film absurde où l'on étouffe sous les gags éculés. Pour montrer ce que j'entends par humour absurde poétique et réussi, je prends l'exemple d'une scène de grève de la faim pour défendre une cause noble populaire, où après quelques heures de grève, un protagoniste renonce à la grève de la faim car il a un flamby qui va périmer dans son frigo. Ici, il y a tout : l'absurde et la poésie, mis au service d'une cause populaire, cassée sous un prétexte très populaire : ne pas gaspiller car l'argent n'est pas à volonté pour cette catégorie sociale. Dans cet exemple, il y a tout, dans "Adieu les cons", il n'y a rien.
Le film est pourtant bien léché. La réalisation y est belle et il reste plutôt regardable sur la forme. Mais sur le fond, c'est un sans faute de fadeur et de mauvais goût. Un personnage aveugle, qui n'existe que par son handicap, puisqu'il n'est que le faire valoir comique du film. En 2020, ce genre d'abjections peut encore rafler des césars. Dans la rubrique des immondices, Dupontel pousse le bouchon encore plus loin avec un personnage harceleur qui va jusqu'à habiter près de la personne qu'il convoite et à qui il envoie des lettres anonymes. Donnez moi une corde si regardez un film aujourd'hui, c'est encore et toujours devoir se farcir ces personnages dégueulasses.
Pourtant, il y avait tant à faire avec ce personnage timide et maladroit. Certes c'est un grand classique mais c'est toujours mignon à voir. Enfin, en tout cas, cela ne me dérange pas de voir encore et encore ces célibataires rongés par leur timidité. Mais pour en faire un joli personnage absurde et poétique, il faut avoir une certaine intelligence dont Dupontel semble être dépourvu.
Les deux personnages principaux auraient pu être très beaux vu la réalisation de qualité et le potentiel fort de l'absurdité poétique. Malheureusement, l'un se contentera d'être un énième cadre d'entreprise ne trouvant pas de sens dans son boulot. Un pauvre cadre aux espoirs déchus. Comme dirait François Bégaudeau "quels espoirs et déçu comment on ne le saura pas". On ne le saura pas car les personnages sont fades et superficiels. Peut être par fainéantise. Peut être par manque d'intelligence. Peut être qu'avoir la tête dans le guidon de l'absurde empêche de la relever pour lui donner de l'épaisseur, de la poésie et ses lettres de noblesse.