Il n'y a tellement plus grand chose à dire sur le cas Shyamalan que je vais faire une rétrospective succincte. Son seul film à m'avoir réellement marqué est Signes : une ambiance superbement gérée même si le finale est un peu too much. J'ai également apprécié Sixième Sens et Incassable. Par contre Le Village m'a moins accroché, même s'il y avait un certain potentiel, Phénomènes m'a bien fait rigoler pour son ridicule et Le Dernier Maître De l'Air m'a plus qu'ennuyé malgré un dosage fantastique parfois divertissant. Retour sur After Earth. Retour à la science-fiction pour le réalisateur, ce qui n'empêche pas d'être douteux au vu de ses derniers déboires. Le casting affiche Smith père & fils, qui jouent le père et le fils - situation familiale réelle qui avait cartonné dans À La Poursuite Du Bonheur. L'intrigue présente un environnement terrestre sauvage qui a évolué pendant un millénaire depuis que l'Homme a quitté sa planète natale ; de quoi présenter un monde "dépaysant". Pourquoi pas, après tout ? Un ensemble d'éléments plutôt corrects, qui promettaient tout du moins un film divertissant. Mais même ça, c'est devenu impossible pour Shyamalan.

C'est aberrant, dépitant même de voir à quel niveau le monsieur est tombé. Dès les premiers plans on se sent roulé. L'entraînement des "rangers", les flashbacks historique pour situer le contexte, Will Smith au combat... c'est extrêmement pauvre et mal filmé. Et ça n'aura de cesse d'agresser l'amateur de cinéma (de SF) tout au long du film. Difficile à croire qu'un réal de cette envergure (passée) soit derrière la caméra tant c'est cadré comme un tâcheron et qu'il n'y a absolument aucune puissance évocatrice qui se dégage des images. Le film a pourtant été tourné avec les mêmes caméras révolutionnaires qu'Oblivion ; à croire que Shyamalan n'a pa su lir ele mode d'emploi. Il affiche là une réalisation de débutant, d'amateur même, et son directeur de la photographie semble s'être absenté pendant pratiquement tout le film. Seule les quelques instants cendrés sur le volcan pourraient être sauvés, bien qu'on reste dans du post-apocalyptique banal. Les humains habitent désormais sur Nova Prime, planète rouge similaire à Mars en surface ; mais les scènes qui s'y déroulent n'ont rien de fascinant comme avait au moins le mérite de proposer John Carter. Quand ils reviennent sur Terre, il s'est écoulé mille ans donc ; et là encore, on reste cantonné à une pauvre jungle comme on en trouve dans n'importe quel Koh Lanta, un groupe de babouins, des tigres évolués et un condor. C'est tout ce que la réalisateur a trouvé a montré d'une planète où la nature a pu reprendre son droit - alors qu'il veut faire passer une semblant de thématique écolo. C'est assez navrant de voir un film de science-fiction s'embourber à ce point dans du faux et ne jamais réussir à créer son univers.

Pour le coup, il y a une réelle constante de mauvais goût puisque même les effets spéciaux sont moches. Un comble pour les blockbusters de notre époque. Les deux-trois animaux rencontrés en chemin restent des formes numériques grossièrement animées et manquant cruellement de détails et, par conséquent, de crédibilité et réalisme. A contrario, l'alien, pour son faible temps d'écran en plan rapproché, passe plutôt bien. Hormis cela, tous les trucages sont évidents. Les matte paintings (ce même volcan au nuage figé) et fonds verts pour incrustations sautent aux yeux (ces chutes d'eau...). Les raccords de cascades sont ratés. Sans parler des ralentis dignes du lecteur vidéo de base d'un ordinateur (Zack Snyder peut dormir sur ses deux oreilles). Les décors sauvages n'ont donc rien de fantastique, et ceux manufacturés crient le carton-pâte. L'idée derrière les costumes (changeant de couleur selon la santé et la menace) n'est pas mauvaise mais donne des combinaisons horribles, ou le latex donne constamment une allure cheap. On a vraiment l'impression d'être devant un film à petit budget, ou un nanar sans intérêt.

Car, évidemment, l'histoire est pareillement soporifique. Si la bande-annonce donnait les grandes lignes, elle donnait surtout l'ensemble de l'intrigue. Des aliens ont attaqué l'humanité et traquent leurs proies par leur peur. Les humains se sont enfuis sur Nova Prime. Un millénaire après, le père est un ranger reconnu qui s'est battu contre ces monstres, le fils doit encore faire ses preuves sur le terrain. Les deux sont à bord d'un vaisseau qui fait un atterrissage forcé sur - par un joli concours de circonstances - la Terre, désormais classée comme planète dangereuse et interdite d'approche. Seuls survivants, ils doivent récupéré une balise de détresse située dans la queue de l'appareil qui s'est écrasée 100 bornes plus loin. Le père mal en point, c'est le fiston qui va faire la traversée et ainsi son parcours initiatique. Bien entendu, aucune surprise dans le script où tous les clichés du suspens sont usités. On éprouve donc rien, on lève souvent les yeux au ciel, et on subit ce film qui se sent intelligent en parlant faussement philosophie de la peur, avec des motivations creuses et des flashbacks inspirants niais.

Le duo Smith ? Une calamité. Déjà, malheureusement, il y a cette VF horrible digne d'un téléfilm doublé à la va-vite car sous-produit. Et puis, il y a le jeu d'huître de Jaden Smith, une vraie tête à claque et une moue nonchalante tout du long. Le jeune profite du succès de son père et, bien que pas mauvais il y a quelques années, il est ici insupportable. L'acteur semble mou, ses émotions sont fausses, et son charisme inexistant. Et dire qu'il est seul à l'écran 90% du film, c'est un vrai supplice. Son père n'est pas beaucoup mieux et n'est que le fantôme de lui-même, complètement absent à débiter son texte les yeux dans le vide et sans passion. On passera la seule ligne d'humour qui fait un bide dans ce long-métrage qui se veut très sérieux autrement. Les deux Smith sont donc balancés dans cette pataugeoire qui n'est même pas capable d'avoir un tant soit peu de rythme pour maintenir l'intérêt. Notons que, musicalement, James Newton-Howard accompagne son pote Shyamalan dans l'incompétence. Ses partitions sont pauvres, pour le peu qu'on les entend puisqu'on se trouve souvent face au silence et aux gémissements du "cadet". Par ailleurs ses compositions sont impersonnelles, dignes d'une bande-annonce avec le combo chœurs/envolés épiques, à trois reprises.

En somme, After Earth continue la déchéance incroyable de M. Night Shyamalan, à un niveau qu'il est difficile de surpasser dans la nullité. Entre une histoire lourdingue, des FX piteux, un contexte risible et des acteurs incapables, c'est à demander si les studios n'ont pas pompé la version mockbuster des spécialistes de The Asylum qui doit certainement être un nanar amusant à regarder et n'aura probablement pas à rougir de sa production à bas coût. Une bien belle catastrophe alors qu'il y avait assurément possibilité de faire une œuvre réussie par rapport aux thèmes supposément traités. Ça m'étonnerait qu'après ça Hollywood veuille encore de Shyamalan.
AntoineRA
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le 9 juin 2013

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AntoineRA

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