Il y avait eu beaucoup de barouf autour du nouveau film de Will Smith featuring sa progéniture, et notamment la reconstitution sur une timeline Facebook des évènements ayant conduit aux évènements évoqués dans le film (ladite timeline débutait en 1908, date du crash du vaisseau spacial extra-terrestre et se déroulait sur 100 ans). La question était de savoir si le barouf en question était justifié compte tenu de la qualité du film, du jeu d’acteur, de l’écriture… bref, de pas mal de facteurs permettant de déterminer si l’on passe ou non un bon moment devant un film. Je suis allé voir After Earth en m’attendant à en prendre plein les yeux sur tous les plans… et je me suis endormi. Littéralement.

C’est vrai que le post-apocalyptique, quand c’est mal amené et de manière peu originale, ça a assez rapidement tendance à devenir pénible. Pour After Earth, j’y allais relativement confiant parce que M. Night Shyamalan (Sixième Sens, Incassable ou encore Signes) était aux commandes.

On vous le répète depuis un moment, mais le post-apocalyptique couplé à la science fiction a le vent en poupe. After Earth ne déroge pas à cette règle et s’inscrit sur la longue liste des blockbusters de l’année 2013: Pacific Rim (Guillermo Del Toro), Oblivion (de Josef Kosinski – souvenez-vous, on vous en avait parlé ici même !), Star Trek Into Darkness (J.J. Abrams)… autant dire que le handicap était aussi élevé que le nombre de fois où ce contexte avait été porté à l’écran: il ne s’agissait pas de proposer quelque chose qui ne soit que visuellement beau, ou qu’une simple épopée: il fallait combiner les deux et apporter une valeur ajoutée. De ce point de vue, le film relève clairement le défi tout en étant au final assez prévisible – c’est difficile à expliquer. Les éléments les plus surprenants et les plus originaux, ce n’est pas dans After Earth que je les ai trouvés, mais bien dans la novélisation du film par Peter Berg, qui permet – en plus de reprendre l’histoire du film et de gagner encore quelques millions – de développer sur la relation Kitai / Cypher, l’histoire de la famille Raige (on y apprend que la grand-mère de Cypher était à l’époque devenue chef des Rangers malgré ses 50 ans), et le contexte politique et social de Nova Prime. Le livre était fluide, se lisait bien, et permettait également de combler toutes les lacunes du scénario et les zones d’ombres sur lesquelles on a préféré passer pour privilégier les beaux visuels et les scènes d’action.

Pour résumer en 4 lignes: l’histoire se déroule environ 1.000 ans après que les humains aient fui une Terre inhabitable pour s’installer sur Nova Prime, habitable, mais peuplée d’extra-terrestres bien décidés à les dégager de là vite fait !

Cypher Raige est un soldat célèbre dont le courage n’est plus à prouver. Imparable sur le terrain, fort comme un lion, son courage et son investissement font de lui un redoutable officier dont il vaut mieux ne pas croiser la route si on est un ennemi potentiel. Quand on voit Will Smith évoluer à l’écran dans ce rôle, on a l’impression de voir un robot bien programmé: il suit les ordres, n’affiche aucune émotion. Le film se présente un peu comme un parcours initiatique qui permettra au jeune Kitai de devenir meilleur et de se transcender en apprenant à se débarrasser de la peur et des émotions négatives qui le maintiennent dans l’échec…

Ca fait un peu propagande scientologue sur les bords ? C’est ce que beaucoup ont trouvé, et également ce qui m’a un peu gonflé dans ce film. Qu’il s’agisse de la redondance autour des préceptes de Ron Hubard (NdlR: le fondateur de la s… euh, de l’Eglise de Scientologie, pardon), des divers messages cachés du style « voyez, si vous n’apprenez pas à vous transcender, vous finirez tous exterminés par des civilisations supérieures », ou des symboles propres à ce courant religieux – pour ne pas donner dans l’exhaustivité, on se contera uniquement de citer le volcan, qui apparaît à plusieurs moments du film (un symbole fort pour ce courant religieux, sur lequel on va se permettre de passer très rapidement). Le problème d’After Earth, ce ne sont pas tant ces emprunts innocents ou non aux préceptes scientologues, mais plutôt la facilité avec laquelle le scénario s’est transformé en quelque chose d’absolument insipide en à peine 1h40. En connaissant ces préceptes et en ayant une très vague envie de les suivre, on peut se dire que oui, le fait d’arrêter d’avoir peur et de se transcender peut être un moyen de sauver l’humanité. En y étant complètement hermétique, ça prête à sourire parce que ça frise le ridicule, mais également – et surtout – parce que les beaux préceptes et les symboles combinés judicieusement à une très belle photographie (on peut dire ce qu’on veut: visuellement, After Earth est vraiment très beau) permettent de bien noyer le poisson et de le faire passer pour quelque chose qu’il n’est pas… un bon film, en l’occurrence.

Pour en revenir au jeune Kitai Raige et pour faire simple: le gamin n’en fait qu’à sa tête et n’a pas réussi à se transcender… donc il éprouve encore de la peur et touuus ces sentiments inutiles qui font de lui un être humain non transcendé (= Ranger, pour ceux qui ne suivent pas). Aspirant Ranger, Kitai idolâtre son père – en version haut niveau de l’idolâtrie. Ils ne passaient que trop peu de temps ensemble jusqu’à ce que Cypher n’invite son fils à l’accompagner sur une mission censée être tranquille hors de Nova Prime. Une pluie de météorites – un grand classique ! – les conduit à s’écraser sur une planète placée en quarantaine – classique aussi ! – qui n’est autre… que la Terre. Parce que statistiquement, la probabilité de s’écraser sur une planète était déjà très faible. Combinez à ça la probabilité de s’écraser sur une planète hostile mais sur laquelle l’être humain peut respirer, et faîtes le calcul. Passé ce stade du film (environ 50 minutes), j’ai commencé à piquer du nez…

Kitai doit partir en quête d’une balise de détresse restée dans l’un des débris du vaisseau qui s’est écrasé beaucoup plus loin. Son père est blessé, ce qui n’arrange rien… Pour la suite, c’est donc le jeune Kitai que l’on suit et assez rapidement on se rend compte que son jeu consiste en une succession de mines toutes plus renfrognées et/ou inexpressives les unes que les autres, et que le temps risque d’être long. Après cette révélation perturbante, on apprend que la faune terrestre a évolué dans ses proportions et est devenue beaucoup plus hostile – normal, parce qu’une ballade de santé dans un parc bien comme il faut aurait été d’un ennui mortel. Le monstre étrange qui se trouvait à bord du vaisseau avant son crash est également en vie et de la partie, carrément partant pour se faire le petit Kitai assez rapidement parce qu’il n’est qu’un misérable humain non transcendé.

Sa quête est présentée un peu comme un jeu vidéo, avec différents niveaux et des boss de fin de niveau à affronter. C’est original et sans doute en partie imputable à Gary Whitta, qui est co-scénariste sur le film et a collaboré en tant que journaliste avec IGN (NdlR: on ne parle pas de l’éditeur de cartes routières, mais bien de l’un des plus gros sites de review anglophone consacré aux jeux vidéo / films / séries ^^). After Earth reprend les codes du genre, mais dans une version assez répétitive, au point que si au début ça paraissait original, à la longue ça devient quand même relativement usant.

Visuellement, After Earth m’a séduit. Des acteurs pas forcément mémorables (Will Smith ne sert à rien, Jaden Smith est inexpressif au possible… un comble pour des têtes d’affiche…), des effets spéciaux inégaux d’une scène à l’autre et beaucoup TROP de reprises de la propagande scientologique. La novelisation du film est de loin plus intéressante que le film en lui-même, et rien que pour cela je vous la conseille: richesse du matériel, étoffement de l’histoire… tout ce qui vous a manqué dans le blockbuster se trouve dans ce roman. Et il ne vous laissera pas sur votre faim !
britishg3eks
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le 9 juil. 2014

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