Quand le malheur s’abat une fois de plus sur Schwarzy

Après avoir joué le papa d’une adolescente zombie dans Maggie, puis avoir joué avec la timeline en retrouvant le T-101 dans Terminator Genisys, Arnold Schwarzenegger revient là où on ne l’attendait pas, dans un thriller dramatique inspiré de l’histoire vraie de Vitaly Kaloyev et de l’accident aérien d'Überlingen. Réalisé par Elliott Lester et produit par Darren Aaronofsky, Aftermath misera sur l’approche psychologique d’un homme confronté à la douleur, et un autre, confronté à la culpabilité.


Vivre avec la perte de sa famille


Qu’entends-je ? Des années plus tard, quelqu’un a encore l’insouciance et la stupidité de se voir responsable de la mort de la famille de Schwarzy ? Après avoir combattu « brièvement » des zombies dans le drame apocalyptique Maggie, Arnold est de retour dans Aftermath (autrefois titré « 478 »). Pas de sortie ciné, l’acteur voit pour la première fois un de ses films sortir directement en Blu-Ray/Dvd. Le début de la fin comme l’ont été avant lui Jean-Claude VanDamme, Bruce Willis, Nicolas Cage et John Travolta ? Gardons espoir. De plus, un film sorti directement en vidéo ne veut pas dire film de mauvaise qualité. Bien au contraire, il peut y avoir des surprises (Dredd est un exemple parmi tant d’autres). Voyez plutôt le cas de l’œuvre dont nous allons parler.


« Un homme perdant sa famille décide de chercher le responsable et de se venger ». Ce pitch bref, on l’a déjà entendu des centaines de fois dans la filmographie de films d’un action héro, en particulier dans un film de Schwarzy qui n’en est pas à son premier coup d’essai. Femme et fille tuées par des criminels dans La fin des temps, femme et fils tués par des terroristes dans Dommage Collatéral, l’histoire d’Aftermath sonne, comme un écho qui perdure et perdure encore. Et pourtant, bien que ce nouveau film donne au départ la sensation d’assister à un énième vigilante movie, il n’en est pas un. Vous vous attendiez à du brisage de nuques, des explosions, des punchlines survitaminées et de la fusillade à tire larigot ? Du Schwarzy en sommes. Erreur monumentale. Comme pour Maggie, Schwarzy (osant se montrer à un moment les fesses à l’air), décidé à nous surprendre en changeant de registre, continue sur sa lancée en jouant dans du Thriller/Drame bouleversant.


Barbe et cheveux grisonnants, traits de visage fatigué, look de papa ouvrier pantouflard Texan, l’acteur Autrichien, optant toujours pour une démarche robotique, campe le rôle de Roman (oui, vous avez bien entendu, on s’éloigne des Jack/John, les prénoms habituels de l’acteur), père de famille bienfaisant ayant perdu sa femme et sa fille enceinte lors du crash de leur avion. Traumatisé (il était sur le point de devenir grand père), choqué de voir tant de froideur auprès de la compagnie d’avions incapable de s’excuser, Roman doit continuer sa vie, surmonter cette perte et la négligence d’un homme n’arrivant pas à affronter son erreur. Vous vous en rendrez vite compte : la manière dont est filmé Arnold Schwarznegger est totalement inédite. Du jamais vu dans la filmographie de l’Autrichien et ses plus de 35 ans de carrière, de quoi balayer une bonne fois pour toute les préjugés de ses détracteurs.



« Peut être que je devrais passer moins de temps au cimetière. Mais tu
comprends, Nadia, et Olena sont là bas. Elles peuvent pas s’en aller.
Alors faut bien que j’aille les voir moi parce qu’elles, elles ne
peuvent pas bouger. Impossible.»



Vivre avec la mort d’innocents sur sa conscience


Fragmenté en deux histoires, Aftermath propose de suivre le point de vue de Roman et de Jacob (interprété par l’excellent Scoot McNairy) avant, après la tragédie, puis un an plus tard (permettant ainsi de voir comment ont évolué nos deux protagonistes). Voyez le film Sully, et imaginez que le miracle n’est pas eu lieu. Aftermath montre les dommages collatéraux, les répercussions de ce dommage collatéral s’étant abattues sur les familles des victimes et sur Jacob Bonanos, victime d’une erreur humaine lui ayant fait perdre tout ce qu’il avait. Absolument tout devrait séparer Jacob de Roman.


Pourtant, les deux protagonistes vivent une situation semblable : affronter la réalité, vivre avec, essayer d’aller de l’avant. La façon dont le réalisateur a filmé ces personnages (bizarrement, pas de nuances entre les deux) est bardée de bonnes idées visuelles. Ces cadrages quelque peu déséquilibrés dont le film abonde jouent parfois avec la perspective (souvent des plans de quelqu’un un peu trop à gauche ou à droite de l’écran, quelques plans de dessus façon Google Earth ou vue plongeante) provoquant ce léger sentiment de malaise. Le but n’est pas de vous gêner, le but est plutôt, comme pour d’autres œuvres du genre, d’avoir une approche intimiste vous faisant ressentir ce que ressentent Roman et Jacob. En sommes, on plonge dans leur tête.


Que ce soit les personnes mortes dans l’accident d’avion, que ce soit Roman, Jacob ou Christina tout le monde est victime d’une situation terrible. C’est la façon dont chaque personnage se reconstruira et parviendra à trouver qui il est, la façon dont on assistera à ce changement d’identité, qui seront les passages les plus intéressants. En plus de regorger d’émotion, Aftermath regorge de plans symboliques montrant toute la détresse psychologique de Roman et de Jacob, allant jusqu’à jouer avec les plans métaphoriques liés au destin des deux protagonistes (exemple : l’image de ses deux avions se croisant et allant chacun dans sa propre direction, ces séquences courtes montrant l’aile de l’avion se décomposant petit à petit).


Combien de temps pour se remettre de la mort d’un être cher ?


Ne vous attendez surtout pas à voir des scènes d’action made in Schwarzenegger, il n’y en a pas. Ici, le rythme est lent, permettant de s’attarder sur la psychologie de nos deux personnages. Deuil, solitude, enfermement, culpabilité, incompréhension, descente en enfer, vengeance, des thèmes récurrents pour ce type d’histoire traitée pourtant de manière différente dans Aftermath. Nous éprouvons de l’empathie pour ses deux personnages torturés. Roman et Jacob ont des circonstances atténuantes. Nous ne sommes ni dans le camp de l’un, ni dans le camp de l’autre. Cependant, on pointe du doigt la stupidité de la compagnie aérienne qui n’aurait jamais due laisser un seul contrôleur aérien gérer à lui seul tout la tour de contrôle (et les avocats ne sont pas mieux dans l’histoire).


Une histoire d’investigation prenante, du drame psychologique émouvant et bien construit, Aftermath captive du début jusqu’à la fin. Puis Schwarzy en tête d’affiche, on ne pouvait pas rêver mieux.


Les ralentis dramatiques, les effets de transitions, ce film à toutes les caractéristiques de ces petits films indépendant et modestes regorgeant d’émotions. Les interprétations sonnent de manière authentique, chacun exprime à merveille ses sentiments. Ce n’est pas très bavard, il y a beaucoup de scènes silencieuses, tout se joue sur l’émotion, les musiques et le visuel peu éclairé au point d’afficher par moments les silhouettes des personnages. Aftermath sera une occasion de voir pour la toute première fois à l’écran, le temps d’une courte scène, Lewis Pullman, fils de l’acteur Bill Pullman. Dans ce film, chaque acteur et actrice tient à sa place. Pas de traitement de faveur, pas de concours d’égo, pas de concurrence, une première pour un Schwarzy toujours mit au premier plan tel un dieu. Voir l’acteur démuni, perdu, incapable de remonter la pente, faible, ça déstabilise à un point hallucinant et terrifiant. Ca le sera d’autant plus pour un fan de la première heure voyant son héros invincible brisé. On éprouve à la fois de la stupéfaction et ce curieux sentiment « morbide », comme si fin de l’acteur était proche. Soyez rassuré amis fans, l’acteur n’en a pas fini avec le cinéma.



« Je veux juste le regarder en face, lui montrer une photo de ma
famille. Je veux qu’il s’excuse. Personne n’a présenté ses excuses ».



Au final, sans révolutionner le genre, à défaut de révolutionner au moins la filmographie d’Arnold Schwarzenegger, Aftermath, c’est une histoire pleine de nuances, de bons sentiments et de réflexions, le tout servi par un Schwarzy et un Scoot McNairy déchirants de justesses. A découvrir directement en Blu-ray et Dvd.

Jay77
8
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le 21 juil. 2017

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Jay77

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