Connaissant la réputation d'Herzog et le statut de film incontournable dont bénéficie cet Aguirre, je m'attendais à une oeuvre épique, grandiose, un film d'aventure viscéral creusant dans les méandres de la jungle et de la folie. Et bien je suis au regret de constater que j'ai été amèrement déçu. Pourtant, tout était réuni pour me faire adorer ce film qui au final se révèle être intéressant sur le fond mais trop maladroit sur la forme. Le personnage de Klaus Kinski est super intéressant, l'interprétation de ce dernier est par ailleurs parfaite, à chaque fois qu'il apparaît à l'écran, on est captivé, mais le problème c'est qu'il représente bel et bien 90% de l'intérêt du film. Le reste, c'est des conditions de tournage certes exceptionnelles pour l'époque mais qui aujourd'hui n'ont malheureusement plus autant de force. En résulte un film au rythme bâtard, proposant des séquences géniales suivies par de longs moments plats où, forcé de constater que pas grand chose ne se passe. J'aurai voulu adorer ce film, lui mettre une note bien plus haute, mais je n'ai vraiment pas réussi à rentrer complètement dedans. Je savais le nouveau cinéma allemand plutôt kitsch, mais certaines scènes sont tout de même limites. Je ne suis donc peut-être pas si réceptif que ça à ce style qui pourtant me plaisait plutôt bien chez Fassbinder. Malheureusement, ici ce n'est pas passé, et Dieu sait que j'aurai voulu adorer ce film. Peut-être que Fitzcarraldo me fera changer d'avis.
En tout cas, Aguirre n'est pas un film inintéressant, bien au contraire, il faut juste le voir en connaissances de causes, en étant préparé à une oeuvre très contemplative qui prend (un peu beaucoup) son temps. Le dernier quart est par ailleurs surprenant et représente la meilleure partie du film. C'est un film que je conseille aux cinéphiles en gardant bien à l'esprit qu'il date de 1972 et qu'il était pour l'époque révolutionnaire.
A voir donc, l'esprit préparé.