J'écris surtout pour garder une trace de mon avis sur les films que je mate. Ces lignes sont issues de mes notes et je ne prétends pas avoir quelque chose de fondamentalement intelligent à dire. J'essaye d'analyser le film en utilisant mes simples connaissances. Contient sûrement des spoilers.
Aguirre commence avec l'immensité de la nature, écrasante et impénétrable. Une musique sepulcrale (comme nosferatu d'Herzog dont l'intro est dans un tombeau = ici ce tombeau sera la jungle) accompagne un défilé d'espagnols (et d'esclaves) dont les vêtement rouges immitent du sang qui coulerait le long de la montagne.
Herzog filme de longues processions de conquistadores et leurs prisonniers autochtones. Si les colons évoluent filmés derrière des "barreaux" de feuilles et branches, prisonniers de cette nature qui les engloutira, un simple mouvement de camera nous révèle que les autochtones eux ne sont pas prisonniers de la nature mais des hommes, chaines aux pieds et aux mains.
Les plans sont simples et évocateurs, ils jouent sur l'échelle ou la place des personnages qui y sont très bien retranscrits (Autochtones en bas de l'image assis et colons debouts au dessus).
Il y a quelques sautes de montage disgracieuses hélas dans le montage.
L'époque et la sauvagerie sont bien reflétés par Herzog : un indigene est tué car il jette une bible a terre lorsqu'on lui dit qu'elle contient la voix de dieu qu'il doit désormais suivre, alors qu'il ne parle meme pas la meme langue. Quelle triste ironie.
L'impression de réalisme chère au réalisateur est totale et on sent les conditions difficiles : tout ne semble tenir qu'à un fil, reflet d'un tournage chaotique. L'ambiance n'en est que grandie.
La nature est partout. Elle ne pardonne rien. La tension est palpable. Le leader de l'expédition qui s'octroyait toutes les ressources meurt comme un porc après avoir bouffé des aliments venant de la jungle, voila la nature vengeresse. Il est puni pour ses choix et sa greediness.
Il y a aussi un sens de retour à la nature à l'abandon d'un cheval qui se perd dans la jungle inextricable.
Abandonner le cheval : abandonner son humanité?
Aguirre / kinski a comme toujours un physique fascinant, charismatique, fou. Autant il est capable de réunir des hommes dans ses projets mais profodément seul et emprisonné dans ses obsessions et son orgueil, il est souvent représenter en gros plan, plus grand que les autres ou seul a l'image.
"Cet homme a une tete de plus que moi mais ca peut changer". Aguirre est bien la colere de dieu car elle s'abat chaotique sur les hommes qu'il dirige dans sa folie.
La nature finit par se venger de ses colons venus souiller sa terre et son peuple, des flèches sont tirées de la jungle par des menaces invisibles, elles semblent venir des arbres eux même. Les singes envahissent le radeau de fortune. Les provisions sont inexistantes et la crue empeche de s'amarrer, tout est anxiogène, une clostrophobie unique car en extérieur dans la moiteur de l'Amazonie.
Le bateau se dépouille au fur et a mesure que l'espoir s'amenuise. Il se brise, les hommes le quittent, mourant de toutes sortes de cause, et Aguirre finit par se tenir seul debout dans son illusion pervertie.
Fin.