Une bulle d'onirisme

Air Doll est un film qui surprends par son ton onirique et sa naïveté ambiante, loin des autres films - bien plus sobres - du réalisateur. Koro-eda nous propose ici une fable sensible, un Pinocchio des temps modernes sur les aventures d'une poupée gonflable qui prends vie et qui lors des absences de son maître - dont elle est le substitut sexuel - s'en va découvrir le monde.

Elle incarne la vie dans une ville qui en est bien dépourvue, la douceur dans un monde pourtant impitoyable. Air Doll c'est un regard ingénu sur le monde, c'est le plaisir de redécouvrir les petites choses de la vie parfois teintées de noirceur. Non le monde n'est pas facile lorsque l'on a un coeur et c'est ce que découvre notre petit personnage lorsque le film tire vers la satire sociétale. Lorsqu'elle prends vie pour annoncer à son maître qu'elle à un cœur, celui-ci lui réponds que cela n'a aucun d'intérêt tout en insistant pour qu'elle redevienne comme avant: silencieuse et dépourvue de sentiments. Elle n'obéira pas et prendra la fuite afin de continuer à en apprendre plus sur le monde, parfois à ses dépens.

Malheureusement le propos est simple et se répète beaucoup trop sur l'ensemble des deux heures, la seconde partie manque drôlement de souffle, malgré une scène assez remarquables en fin de film lorsque Koro-eda n'hésites pas à faire preuve d'un peu plus de cruauté. Non les humains n'ont pas de valve sur le ventre, ils ne sont pas emplis d'air mais bel et bien de sang.

Le réalisateur s'en sort bien dans un exercice pourtant pas simple. C'est loin d'être aussi consistant que les plus beaux films de sa filmographie mais ça vaut tout de même le coup d'oeil pour son onirisme béat qui ne manquera pas d'effleurer les sensibilités. A préciser une très belle prestation de l'actrice Bae Doona et une bande originale très plaisante des World's End Girlfriend.