Albator, corsaire de l'espace
5.8
Albator, corsaire de l'espace

Long-métrage d'animation de Shinji Aramaki (2013)

Albator, c'est le genre de héros qu'on aurait tous voulu être. Franchement, qui n'a jamais rêvé d'être capitaine d'un équipage pirate et de sillonner l'espace intersidéral à la barre d'une superbe frégate stellaire orné d'une tête de mort ? Qui n'a jamais éprouvé une once d'admiration pour ce personnage épris de justice et de liberté ? Qui n'a jamais eu des étoiles plein les yeux à chaque écoute du générique de la série '78 ?


Cette époque (ainsi que notre enfance) est maintenant derrière nous, et ce nouvel Albator que l'on a sous les yeux est une version bien différente des aventures du célèbre capitaine corsaire: le prologue nous décrit un univers dystopique où les humains, après être partis à la conquête de l'espace, se sont entretués au cours d'une guerre pour la reconquête de la Terre. De ce conflit interstellaire est née une congrégation représentant l'autorité suprême, ayant interdit l'accès à la planète dans le but d'assurer sa sécurité ainsi que la suprématie de leur religion, n'hésitant pas à faire preuve d'autoritarisme pour maintenir l'ordre. Mais un homme, ancien officier de la Flotte stellaire devenu hors-la-loi, s'oppose à eux et compte bien reconquérir la Terre...


Après cette introduction immersive et efficace, l'on assiste au recrutement du jeune héros dans l'équipage du célèbre flibustier (dont les visages bien connus reviendront facilement aux adeptes de la série), et les premiers pas dans l'univers sonnent plutôt justes. Concernant les nouveautés, le relooking de l'Arcadia en terrifiant vaisseau fantôme est une véritable réussite, ainsi que des combinaisons de l'équipage dans un style qui n'est pas sans rappeler Bioshock. Les soldats de la Flotte, quant à eux, ressemblent clairement aux Stormtroopers de Star Wars, tandis que la congrégation Interstellaire est à mi-chemin entre Final Fantasy et Starship Troopers. Les images de synthèses, si elles n'arrivent pas à la cheville d'un Advent Children, sont tout de même de très bonne qualité et le rendu est saisissant. En bref, visuellement parlant, c'est du beau space-opéra.


Niveau scénario, en revanche, on pédale dans le yaourt.


Je m'explique: de base, transposer Albator dans un univers où les hommes se font la guerre entre eux (plutôt que de partir à la conquête de la galaxie et d'entrer en conflit avec d'autres races, comme c'est le cas dans la série) limite fortement les possibilités et surtout multiplie les clichés : ainsi, une fois encore, la religion est utilisée comme prétexte pour servir d'autorité suprême et pour représenter une humanité au bord de l'extinction (le résultat est d'autant moins crédible que le 'Big Brother' de ladite religion est en réalité un conseil de papys complètement gâteux). De plus, modernisme et japanisation ne faisant pas bon-ménage, l'on a droit à un fan service certain avec le personnage de Kei Yûki (qui apporte néanmoins un certain charme à l'aventure, il faut le reconnaître). D'autre part, le background dramatique qui accompagne le jeune héros (celui-ci cherche à se racheter d'une faute grave qui a failli tuer sa sœur et handicapé son frère à vie) respire la moralisation typiquement nippone à plein nez. Enfin, l'objectif final du Capitaine Corsaire, s'il est crédible, manque d'originalité.


Il y a toutefois une contrepartie intéressante à ce déficit scénaristique: la relecture du personnage d'Albator. Physiquement, celui-ci est resté le même que dans nos souvenirs: grand, ténébreux, stoïque, la cape au vent, le bandeau sur l’œil, les cheveux en bataille et le charisme d'un lion; mais c'est aussi une version plus humaine et vulnérable du pirate que l'on a sous les yeux. Albator devient ainsi un homme torturé, s'étant muté dans une mélancolie extrême, marqué par son passé dont il sait qu'il ne pourra se libérer qu'en payant le prix fort.... ce qui le lie étroitement au personnage principal. La relation qui anime les deux est par ailleurs très bien maniée, et le dénouement qui en découle est à la fois surprenant et magnifique (même si on s'en doutait quand même un peu). De surcroît, la bande-son signée Tetsuya Takahashi, classique mais accrocheuse, accompagne à merveille la dimension héroïque du célèbre Flibustier.


Je m'attendais certainement à mieux de la part de Shinji Aramaki -le seul que je connaisse à avoir pondu une suite digne de ce nom à Starship Troopers-, mais au final je ne peux pas dire que j'ai passé un mauvais moment devant cet Albator, qui bien qu'à des années-lumières des séries épiques de '78 et '84, reste un film d'animation de bonne facture, qui aurait évidemment mérité d'être mieux creusé. En espérant tout de même que l'aventure ne s'arrête pas là...

reastweent
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le 3 mars 2014

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le 3 mars 2014

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