Au-delà de la déception : une vraie réussite.
Shinji Aramaki n'est pas un artiste, on le sait. Faiseur d'images et technicien dans l'âme, il maîtrise les budgets, les échéanciers, les cahiers des charges, les cadences de production, mais n'a pas d'ambition artistique particulière, ce n'est pas son domaine et il semble s’en accommoder. Il suffit de comparer ses deux Appleseed aux Ghost in the Shell de Mamoru Oshii pour en avoir confirmation : le réalisateur s'occupe plus de forme que de fond, de spectacle que de substance ; en conséquence de quoi le cinéphile averti aura-t-il abordé son travail avec la méfiance de rigueur, que n’auront pas manqué d’alimenter quelques bandes annonces blockbusterisée jusqu'à l'écoeurement. Or si le résultat ne parvient jamais à rivaliser avec l'indétrônable Arcadia of my Youth, qui servait d'introduction à la série télévisée diffusée en 84, si ses batailles spatiales se font trop redondantes, si le quart d'heure amputé à la version originale ne joue vraisemblablement pas en sa faveur, si la nécessité de former un tout cohérent pèse sur sa structure scénaristique, si le premier degré tend à étouffer son sens véritable et si son maître d'oeuvre n'y insuffle aucun génie, aucun style à proprement parler, le divertissement proposé n'en constitue pas moins un bel hommage, loin du produit décérébré dont on aurait pu écoper : maîtrisé, intelligent, respectueux de son matériau d'origine - jusque dans ses trahisons et les déceptions qu'elles entraînent. Lesquelles constituent paradoxalement autant de preuves du succès de cette entreprise iconoclaste, plus exigeante qu’il n’y paraît.
(Dossier complet et développements ICI - parce que c'est un peu long quand même : http://www.gameblog.fr/blogs/liehd/p_103902_albator-2013-from-myth-to-man-ou-pourquoi-il-faut-lui-redonn )