Sans contrefaçons, je suis un garçon

Grand spécialiste des portraits de femmes (il avait notamment participé au film Frida, ou à Mother and child plus récemment) Rodrigo Garcia s'intéresse au travestissement dans ce drame situé en Irlande.

Sous couvert de film historique, le réalisateur nous offre une vision ultra réaliste du XIXème siècle, dans une Irlande oscillant entre modernité et traditionalisme. Visuellement, le rendu est épatant, on sent l'attention portée au moindre détail afin d'obtenir cette ambiance particulière. Le fait que la majorité du film se déroule dans le décor unique de l'hôtel particulier de Mme Baker. En revanche, en terme de mise en scène, l'originalité fait cruellement défaut. Rigide, pas franchement inventive, la caméra de Garcia a du mal à mettre en valeur ses personnages. Quelques longueurs se ressentent parfois, et le montage aurait gagné à être plus tendu.

D'autant que le scénario ne l'aide pas vraiment. Si le concept de base est intéressant, le traitement qui nous est proposé manque cruellement de liant, et on a parfois l'impression d'assister à une série de scènes s'emboîtant tant bien que mal les unes avec les autres. Les personnages, sans être complètement quelconques, manquent parfois de caractérisation, et on a souvent du mal à sentir de l'empathie envers certains d'entre eux. Seul, le personnage de Hubert Page attire vraiment la sympathie.

C'est d'autant plus regrettable que le casting est plutôt alléchant. Glenn Close, une nouvelle fois boudée aux oscars, est bluffante de vérité, ses traits osseux se prêtant à merveille à ce petit jeu de transformisme. La jeune Mia Wasikowska prête son joli minois pour un rôle de jeune écervelée charmant mais un peu creux. A ses côtés, Aaron "Kick Ass" Johnson peine à dépeindre un salaud convaincant. La bonne surprise vient de Janet McTeer, plus souvent abonnée à des rôles télévisés, qui donne corps au personnage de Hubert Page. Enfin, à noter la présence de Jonathan Rhys-Meyer et Brendan Gleeson, tous deux impeccables dans des rôles très secondaires.

Un film intéressant dans le fond mais trop froid et impersonnel sur la forme pour vraiment captiver.
Hyunkel
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le 5 mars 2012

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Hyunkel

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