Alice au pays des merveilles par CaliKen
Je ne vais pas souvent au ciné, mais ça, tu le sais. En ce qui concerne Tim Burton, on peut pas dire non plus que je sois un grand connaisseur. Ceci dit, j'aime bien son univers décalé et j'ai toujours trouvé Deep grandiose, dans la majorité de ses rôles.
Ma plus grande déception a donc été de ne trouver ni l'esprit d'un Walt Disney, ni celui d'un Burton en allant voir le film (en 3D s'il vous plaît). Une 3D qui, soit dit en passant, n'apporte pas grand chose, si ce n'est rien, à l'aventure.
Le postulat de départ est pourtant intéressant. Alice a grandi, et on assiste bien à la suite d'Alice in Wonderland de Carroll, joliment adapté par les studios Disney il y a pas mal de temps déjà...
Alice a 18 ans et on ne sait plus vraiment si c'est la vraie Alice du premier opus... Elle sait qu'elle rêvait, mais elle ne se rappelle plus vraiment de tout ça...
Pourtant, malgré une idée de départ intéressant, et un très bon sentiment dès les premières minutes, avec un appartement londonien de l'époque Victorienne glauquissime à souhait, on tombe tout d'un coup dans la comédie de mœurs, lorsqu'Alice se retrouve confrontée à son destin : épouser un ROUX.
Puis, l'aventure commence réellement, lorsqu'elle tombe dans le fameux pays des merveilles. Quelle déception. On n'y retrouve ni l'univers colorée et un peu foufou du dessin animée, ni l'univers torturé et parfois angoissant de Burton. Certes, on sent sa patte, mais quelque chose manque... Les personnages sont là, mais ils ne sont ni Disney, ni Burton... Une sorte de mélange maladroit... L'univers n'est pas vraiment fou. Jolie, coloré, intéressant, mais par trop réaliste, et parfois même, dans un style héroïc-fantasy qui prend une tournure bien trop importante au fur et à mesure du film. On pestera ainsi sur les soldats de l'armée de la Dame de Coeur, devenus presque robotisés, et ayant perdus ce côté doucement crétin, ces nombreuses créatures dangereuses qui, a défaut d'être loufoques, font plus pensées à des monstres Peter Jacksonniens sous perfusion Tolkienesque...
La fin est une vraie boucherie, dans tous les sens du terme. Voir Alice en costume de Jeanne D'arc, se battre contre une sorte de Dragon qui n'a rien à faire là, tandis qu'une armée en affronte une autre... C'était trop.
HEY, C'EST ALICE IN WONDERLAND, PAS LE SEIGNEUR DES ANNEAUX !
Où est le rêve ? Où est la poésie ? J'attendais le moment où Alice épargnerait le dragon... Où il se passerait quelque chose d'intelligent. Sur le parchemin, on la voit brandir son épée, mais pas le tuer. D'ailleurs, certains passages sont assez violents pour un Walt Disney. On a l'impression que Burton a remplacé son univers angoissant par un sentiment d'insécurité (que l'on ressent bien tout au long du film, par les risques de morts, que ce soient la Reine de Coeur ou bien ses divers monstres).
Le valet n'a rien à faire là également, il semble tout droit venir, lui aussi, d'une mauvaise adaptation du Seigneur des Anneaux. Qui a chuchoté Eragon ?
Dommage aussi de voir Johnny Deep cantonné dans le rôle d'un chapelier pas si fou que ça. Un rôle travaillé et intéressant, certes, mais trop réaliste. On a l'impression d'être face à un joyeux luron qui a souffert et qui devient fou par nécessité, et non face à un vrai guedin de la life...
De même, j'attendais un retournement de situation incroyable avec la Reine Blanche. Qu'elle se trouve être encore plus mauvaise que sa soeur... Et finalement non, on se retrouve avec un condensé de lieu commun, accentué par la fin, giga niaise, où Alice fait sa BA en expliquant la vie à tous les gens de sa famille, ce qui n'apporte rien au récit.
Où est le Burton génial qui transforme une chocolaterie en hôpital psychiatrique rempli de nains pour enfant sous champignons hallucinogènes, qui arrive à rendre attachant un sac d'os ou le cadavre d'une mariée ?
Dommage, car ce film, loin d'être mauvais, avait un potentiel énorme. On aurait aimé que Tim se lâche complètement, et pourtant, on se retrouve face à quelque chose qui, selon moi, n'a pas vraiment d'âme. Que le personnage d'Alice soit sans réel intérêt n'avait rien de grave en soit. La jeune femme n'est, de toute façon, que le faire-valoir d'un univers extraordinaire. Mais c'est bien l'univers en soit qui pêche... par manque de féérie, ou par trop grande ressemblance avec ce que l'on connait déjà...
Dommage.