You cannot change the past, but you can learn something from it.

Mouarf… Ce film n’est pas la catastrophe annoncée de toute part, mais oui, il est quand même moins bon que son prédécesseur et se révèle être une suite pas franchement utile. Vouloir adapter le deuxième conte de Lewis Carroll était louable, mais où en était l’intérêt quand le premier film en reprenait déjà les principaux éléments ? Du coup, on se trouve de façon irrémédiable face à un film chimère, qui s’avère en soit être une adaptation complètement foireuse puisque mise à part une rapide référence, on ne retrouve bien sûr rien de l’œuvre originale ; mais en même temps un film qui tente tant bien que mal de mettre en place une intrigue originale dans un univers déjà bien en place.


Et le résultat a cette saveur. On ne sait pas trop où ils ont voulu aller, on les sent timide dans la façon de développer leur intrigue. Et ça nous donne quand même droit à des scènes complètement WTF pour une adaptation de Carroll (cf cette scène d’intro où sur le coup, j’ai cru m’être trompé de salle). Quant au reste, on retrouve globalement une structure assez similaire au premier film, où Alice va devoir aller au-delà de ses préjugés pour affronter une sorte de destiné, sauver une nouvelle fois le monde ce qui lui permettra également de comprendre la morale posée dans le monde réel.


Mais voilà, les scénaristes sont partis sur l’un des sujets les plus casse-gueule qui soit, j’ai cité le sacro-saint voyage temporel. Et étonnement, c’est au final presque la meilleure partie du film. Toute la leçon faite sur le temps, son importance, son immuabilité, la possibilité d’y voyager… C’est au final surprenant de voir que le film réussit finalement à plutôt bien s’en sortir sur le sujet (d’autant plus que, au départ, ce n’était pas vraiment le genre de truc propre à l’univers de Carroll). Cependant, on y voit plusieurs faiblesses.


Tout d’abord, trop de voyages tuent le voyage temporel. La première partie du film est vraiment très intéressante, bien qu’un peu longue à se mettre en place ; mais on se retrouve au final avec trop de voyages qui se révèlent au final peu intéressants. Et la seconde partie part complètement en biberine. Comme je le disais, le message porté sur le Temps est très louable et m’a beaucoup plus ; mais ça introduit un problème scénaristique majeur : on perd tout l’intérêt du voyage dans le temps. C’est la seconde faiblesse. Du coup, on a trop de voyages mais en plus, ils ne servent à rien. Ce qui fait qu’on a cette sensation que l’histoire, au final, n’apporte pas grand-chose.


Alors certes, on a ce fil rouge conducteur sur la famille du Chapelier, mais c’est que vaguement intéressant. On a aussi ce film rouge sur la Reine de Cœur et la Reine Blanche, mais là aussi, ce n’est que vaguement intéressant en plus de vouloir chercher une excuse à un personnage qui, au final, n’en a absolument pas besoin. On a aussi ce nouveau personnage du Temps qui, étrangement, s’avère être le plus intéressant de l’histoire en étant la personnification du concept apporté par le film. On a enfin cette intrigue dans la réalité autour d’Alice qui n’apporte pas grand-chose si ce n’est au niveau de la mère, et on ne comprend pas trop pourquoi ça prend cette tournure ; parce que ça réduit l’impact du personnage d’Alice.


Bref, l’histoire a plein de bonnes idées, de bonne volonté (on notera les nombreux jeux de mots présent ici et là) ; mais ça s’enlise dans son propre concept en plus d’être noyé dans des intrigues sans réels intérêts. Et c’est le principal point faible de l’intrigue, alors que ça reste quand même plutôt sympa en soit.


Quant au casting, c’est indéniablement le gros point faible de ce film. De très très loin. Mis à part à Sacha Baron Cohen plutôt correct, fidèle à lui-même, et bien aidé par l’écriture de son personnage, le reste du casting est déplorable, voire à la dérive. Jamais été un grand de Mia Wasikowska qui néanmoins propose un jeu assez fidèle à ce qu’elle fait d’habitude. Ce n’est pas mauvais, mais ce n’est pas flamboyant non plus.


On note aussi un Richard Harmitage perdu on ne sait pas trop comment sur le plateau de tournage, et un petit caméo trop court de la voix de notre cher Alan Rickman (petit pincement au cœur au générique). Pour le reste, c’est un naufrage. Anne Hathaway est plus transparente que jamais, quand Helena Bonham Carter et Johnny Depp sont en roue libre sans contrôle et s’écrasent de façon magistrale. Ça en devient même triste.


Techniquement, c’est mitigé. On retrouve Danny Elfman à la musique et, encore une fois, il ne suffit que de quelques notes pour ressentir les frissons d’une musique magistrale. On réutilisera beaucoup les thèmes du précédent film, en réorchestrant un peu ici et là, puis en ajoutant quelques nouveaux thèmes sympa. Ça n’atteint pas la quintessence du précédent film, mais ça fait très bien le boulot pour poser l’ambiance et transcender l’histoire comme il faut.


La mise en scène est plutôt classique sans grande inventivité ni prise de risque. Mais c’est plus que logique, puisque c’est le genre film plutôt dirigé par l’équipe des effets spéciaux. Effets spéciaux qui sont au rendez-vous. Alors si y’a quand même quelques trucs moches (je pense aux statues à la fin ou aux sortes de robots (une des rares idées foireuses du film par ailleurs même si on peut y voir une vague référence à Metropolis)), si certaines incrustations sont complètement ratées ; dans l’ensemble, ça reste correct.


Néanmoins le gros point fort vient bien sûr des décors en CGI (et aux quelques décors réels), qui sont une nouvelle fois splendide. J’ai particulièrement aimé, voire même adoré, le Temple du Temps, un bijou visuel bâti autour du concept d’une horloge géante ; et c’est magnifique. J’ai aussi beaucoup aimé les passages sur l’océan du temps, j’ai trouvé que c’était une belle illustration du concept. Bon après, un peu moins fan du nouveau château de la Reine de Cœur ; mais dans l’ensemble, on se surprend une nouvelle fois à se perdre dans ces décors riches en détail et à les contempler plus que suivre l’histoire.


Au final, Alice de l’autre côté du miroir est bien ce que les bandes-annonces laissaient entendre : une suite pas vraiment nécessaire. Si on met de côté l’aspect adaptation (qui n’a absolument rien à voir, comme je l’ai dit), on peut saluer la volonté de tenter une histoire originale dans l’univers de Carroll. Mais au-delà du concept lui-même du temps et de sa personnification, y’a pas vraiment grand-chose d’autre à sauver dans cette histoire. Reste néanmoins un des rares mauvais films sur lesquelles j’ai quand même eu des frissons avec cette musique de Danny Elfman, ou ces décors superbes.

vive_le_ciné
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le 30 mai 2016

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