Alice passe donc de l'autre côté du miroir. Première non surprise au vu du succès du film de Tim Burton. Ce qui est plus étonnant, c'est que ses nouvelles aventures évoluent dans d'autres mains que celles du réalisateur qui, pour certains, est perdu pour la cause, voire carbonisé totalement. Plus étonnant encore, c'est que le personnage du Chapelier Fou est ravalé au second plan. Il s'agit donc bien d'une véritable aventure d'Alice, bien à elle, qui ne sera pas vampirisée, cette fois, par une star encombrante qui, ici, s'est quelque peu empâtée.


Le one man show cède donc ici la place à une course poursuite échevelée et plaisante de l'héroïne contre le Temps, faisant que le film d'une heure cinquante passe en clin d'oeil. Pas le temps de s'ennuyer, encore moins de regarder la montre à gousset du lapin blanc. Alice de l'Autre Côté du Miroir assure bien côté spectacle ou encore direction artistique qui, si elle n'est à aucun moment renversante ou originale, jouit d'une certaine patine et de très jolis décors mécaniques ou organiques.


Le film distraira donc sans problème son public et se permettra en bonus quelques jolis plans, sauvant la réalisation de James Bobin d'un certain aspect impersonnel. Alice de l'Autre Côté du Miroir jette dans le même temps quelques jolis pistes thématiques, comme celle de la place de la femme dans la société et de sa libération. Il s'aventure même à sonder quelques névroses de ses personnages et de poser la question de l'appréhension du temps d'une assez belle manière, permettant à notre héroïne d'évoluer par instants sur d'autres chemins que ceux beaucoup plus balisés de son Pays des Merveilles. Ainsi qu'un rôle moins simpliste qu'il n'y paraît pour Sacha Baron Cohen, dont le duo formé avec la toujours ravissante Mia Wasikowska fonctionne à merveille, malgré quelques touches d'un humour parfois dispensable.


Mais il serait mensonger de vous dire qu'Alice effectue un sans faute, loin de là. Mais rien cependant qui puisse diminuer le plaisir éprouvé durant la projection, non. Juste de quoi se dire, parfois, que le film est juste bien. Ou qu'il se prend parfois les pieds dans le tapis.


Car dans un premier temps, si Alice est présentée comme libérée et indépendante sur son bateau, une fois rentrée à Londres, elle se heurte de manière assez caricaturale à la bonne société londonienne qui la ramène à son unique rang de femme pas encore mariée. Et que dire de ses échappées dans son monde merveilleux, qui lui vaudront rien de moins qu'une visite dans un asile ? Le sous-texte de condamnation de l'originalité pourra paraître cruel, voire ambigu ou douteux, pour ceux que la fertilité de l'imagination gouverne, sans aucun doute.


Mais plus grave, Alice de l'Autre Côté du Miroir ne peut s'empêcher, malheureusement, de simplifier ses enjeux ou de réduire la part sombre de ses personnages, jeune public oblige. Ainsi, si le film se lance parfois dans une auscultation de leurs failles, laissant espérer une oeuvre un peu plus adulte que la moyenne, celui qui a payé sa place ne pourra s'empêcher de penser que tout est souvent ravalé à un simple problème de complexe paternel. En effet, tant le Chapelier que la Reine de Coeur ne souffrent finalement que du fait qu'ils pensent d'avoir déçu leur papounet. Ajoutez-y, dans le cas de la Reine, des tartelettes et une mauvaise chute, et l'on se dira que parfois, il ne fait pas bon trop en dire sur les origines du mal des méchants que l'on met en scène. Car, dans un syndrome Maléfique parfois gênant, la schématisation de ce qui anime le coeur et les actions de tels personnages s'avère parfois simpliste, voire naïf. Quand cela ne ramène pas, tout simplement, à la réaffirmation finale des vertus de la sainte famille après laquelle tout le monde court, ainsi que celles du pardon. Mais cela apparaît finalement comme une autre non surprise, vu le pavillon Disney flottant au dessus de la plus haute tour du château.


Reste qu'Alice de l'Autre Côté du Miroir, malgré ses faiblesses, se révèle quelque chose d'aussi imparfait qu'attachant, et que cela conduit à fermer les yeux sur certains de ses défauts. Pour finalement ne retenir que la folle aventure temporelle aux légers accents de Retour vers le Futur, pour se délecter d'une action toujours alerte, pour guetter la moindre des apparitions de son interprète principale.


Behind_the_Glass... Euh, Mask.

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le 4 juin 2016

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