Quelque part dans l'espace infini, un énième vaisseau se pose au mauvais endroit. L'équipage est formé une énième fois par une jeune femme réservée mais au caractère fort, un chef peu charismatique, une autre femme amoureuse du chef peu charismatique, un black qui ne sert à rien (non, il ne meurt pas en premier), un vieux baroudeur moustachu et grande gueule avec un chapeau de cowboy, un type à l'accent étranger et plutôt badass, une autre femme clairement nymphomane et enfin l'androïde de service, au tempérament froid et distant. Déjà-vu ? Mais que vont-ils trouver cette fois-ci ? Rohlala, on s'en mord les dents d'impatience.


★☆☆☆


En dépit de quelques intentions louables – enrichir la mythologie de la saga et proposer des réponses à des questions qu'on ne se posait pas vraiment, à vrai dire – Alien : Covenant tombe systématiquement à côté de la plaque. Et pourtant, on pouvait légitimement espérer. Ridley Scott avait pondu un Prometheus qui ouvrait des pistes intéressantes, malgré une fin franchement brouillonne (pour rester poli). Le retour de la bébête la plus terrifiante du cinéma est encore un événement mais ça risque de ne plus durer. Alien : Covenant aurait pu être largement potable si le récit n'avait pas été plombé par (prenez des notes, ça va être long) :


– cette impression sidérante de déjà-vu au fil des minutes où tous les poncifs et les clichés du genre, voire du cinéma en général, se succèdent avec un aplomb démentiel ; ainsi, il n'est pas rare de lâcher un rire nerveux et gêné ou de lever les yeux au ciel (pas très utile au cinéma, vous en conviendrez) devant des dialogues tellement caricaturaux qu'ils en deviennent parodiques


– des choix scénaristiques étonnants qui peuvent sembler obscurs mais manquent surtout de nuance et de finesse ; la trame autour des androïdes aurait pu faire son petit effet mais Ridley Scott n'a visiblement plus rien à raconter sur le sujet


– des comédiens aux prestations aléatoires (avec le sosie officiel de la Valérie Lemercier des années 90 mais avec la coiffure de Jacquouille) pour des personnages généralement désincarnés et interchangeables


– et surtout des scènes d'actions qui tombent allègrement dans le grotesque (Put*** mais ça fait DEUX fois que vous glissez sur cette put*** de tache de sang dans la même scène !) (Put*** mais n'ouvre pas la porte que tu viens de fermer : tu vois clairement l'alien à travers le hublot !) (Put*** mais t'es pilote de vaisseau et t'arrives à te manger TOUS les obstacles sur le trajet !) (Put*** mais tu tapes sur un tuyau pour attirer la bestiole et t'as l'air étonnée qu'il te saute dessus !)


– des aliens numériques peu emballants et parfois en deçà de ceux de (l'excellent) Alien : La Résurrection (oui, oui, vingt ans plus tôt)


– quelques jumpscares qui cachent une ambiance misérable où tension et frayeur sont absentes ; ne venez ni pour avoir peur ni pour les rares effets gore, ce qui est un comble pour un film de cette franchise


– BORDEL, N'IMPORTE QUEL ABRUTI SAIT QU'ON N'OUVRE PAS SON CASQUE SUR UNE PLANÈTE INCONNUE !!! Oui, l'ordinateur a dit que l'air était respirable et nous sort toute la composition gazeuse à base de pourcentage en fond sonore (cliché ?) mais les microbes, les bactéries ou autres merde cosmique ? RAAAAAH !


– enfin, le twist final qu'on aura deviné depuis une bonne demie-heure, mais qui a le mérite de proposer une fin pas inintéressante quoique prévisible


Alors tout n'est pas à jeter non plus. La réalisation est propre et maîtrisée. Le rythme, lui, est plutôt équilibré et on ne s'ennuie pas vraiment. On peut noter l'apparition d'un alien bien flippant (blanc et décharné, il ne dépareillerait pas dans Silent Hill ou Le Labyrinthe de Pan). L'ouverture du film parvient même à capter le spectateur avec l'éveil de l'androïde David dans un décor épuré. La suite n'en est que plus décevante. Et à force d'avoir le cul entre deux chaises et de proposer des scènes d'action spectaculairement idiotes et des dialogues métaphysiques à deux balles, Ridley Scott nous offre surtout une série B sympa mais vite oubliée.

Kohohohala
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le 13 mai 2017

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Kohohohala

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