Je m'explique... En spoilant très vaguement, mais je préfère prévenir.
Vous adorez probablement comme moi Alien et même sûrement au moins le retour. Vous avez forcément vu Prometheus et vous allez voir Covenant parce que, merde, depuis 5 ans vous voulez enfin savoir ce qu'il est advenu de cette conne de Shaw et ce gros enfoiré de David...
Et force est d'avouer que 80 % du film contourne littéralement ce sujet, en nous rejouant tour à tour différentes scènes des épisodes 1 2 3 et 4 (je vais détailler ça plus bas), ce qui est d'autant plus malvenu que non seulement Scott a dit ouvertement qu'ils étaient tous nuls à chier (à l'exception du sien bien sûr) et qu'en plus, le résultat est finalement moins bon: je pense à la vision 1ère personne de l'Alien vraiment ratée et l'absence totale de confrontation réellement marquante.
Il n'y a pas un gramme d'originalité dans Covenant. On pourra dire ce qu'on voudra de son prédécesseur mais il proposait au moins un ton différent, un enrobage original ce que Covenant ne fera jamais en revenant aux fondamentaux les plus stricts.
Visuellement pas trop de quoi se taper le cul par terre, exception des paysages australiens et de la scène d'action du vaisseau déjà spoilée dans la bande annonce.
Bon et sinon ? Les 20 % restants ? Et bien une fois la découverte passée, finalement on s'en fout pas mal. L'origine de la bête n'a pas grand intérêt et n'a rien d'original.
En parlant d'originalité "checkons" ensemble les points communs avec la franchise (Spoilometer au maximum attention!):
Commun à plusieurs épisodes:
Exploration du Derelict (le vaisseau ingénieur), infection en chemin, retour urgent au vaisseau d'arrivée, mise en quarantaine, explosions dégueulasses de corps, chasse au monstre dans des couloirs, éjection de l'alien dans l'espace, des androïdes plus ou moins cinglés.
Alien: Design global du film (Typographie, photographie, les chaines, l'eau qui coule etc.)
musique identique, séquence du titre.
Aliens: Séquences de mitraille automatique avec de multiples Aliens, le design de l’héroïne, utilisation de bras mécanique pour combattre, héroïne revassant devant une fenêtre mais qu'en fait on avait pas vu que c'était un écran dit donc !
Alien 3: Vue à la première personne de l'Alien (ici en deçà de ce qui avait été fait en 1992...), le sanctuaire religieux.
Alien resurrection: Des Alien blancs, des manipulations génétiques (avec petite séquence des ratés, de l'évolution), le côté "domestique" de l'Alien.
-Les autres films:
2001: Comme Ash, David est une incarnation de HAL9000 mixé avec...
Frankenstein: bon là j'enfonce une porte ouverte...
Pinocchio: Le tout 1er Alien qui sort et fait réellement coucou, m'y a fait penser.
Terminator : Baston de robot stoïques!
Voilà en gros, je fais cela de tête vous en trouverez probablement d'autres.
Vous allez me dire: "attend vieux, t'es passé à côté du film avec toute sa symbolique sur dieu, la création, la destruction, la paternité, l'intelligence artificielle blablabla mes couilles".
Franchement, la paternité/création est survolée dans l'introduction (avec deux trois références culturelles jetées ça et là dont on ne donnera aucune analyse, ce qui est bien dommage) et dans le passage "manoir hanté" mais de manière un peu grotesque.
Dieu est passé à la trappe avec les ingénieurs, hop, avec la destruction en prime (Et David qui veut détruire l'humanité, dans la mesure où il n'est pas notre géniteur n'a pas beaucoup d'intérêt).
Prometheus pose deux questions: Pourquoi les ingénieurs nous ont ils créés et pourquoi ils ont changé d'avis. Parce qu'au final ce ne sont pas eux qui ont créés les Aliens (ils n'ont donc pas fait une réserve d'hôtes à priori ou je ne sais quoi), et on se demande toujours pourquoi car Covenant n'y répond pas.
l'intelligence (artificielle et par extension la nôtre) est abordée de façon un peu intéressante avec la séquence de la flûte où un androïde non programmé pour en jouer, y arrive tout de même, on aborde du coup le dépassement de soit même dans un contexte qui n'y est pas propice, mais là encore rien de bien transcendant, on s'ennuie même un peu.
Ensuite tout est survolé: Pourquoi David tue les ingénieurs? On ne sait pas, pourquoi le Derelict s'est crashé? on ne sait pas...
Le film aurait du se concentrer sur Shaw et David au moins pour la moitié du film et pas juste un demi flash back et une sculpture en résine.
Bon j'ai quand même aimé certains aspects:
J'irai voir le prochain (Alien Awakening mais il a le temps de changer de nom 20 fois) parce bon, la dose d'Alien fonctionne quand même toujours et que la fin dont le suspense vous tiendra jusqu'au bout (car faut arrêter, on a des doutes, mais à aucun moment on ne peut être sûr de la fin) est plutôt couillue.
Edit Bonus!
Lorsque David balance les jarres sur un temple ingénieur, parce que finalement, la planète est vaste et nous ne voyons qu'un seul endroit, rien ne dit que d'autres ingénieurs ne sont pas encore en vie, mais aussi sur d'autres planètes, d'ailleurs il y en a forcément si cette série doit être raccroché à Alien vu le Spacejokey originel avec la cage thoracique éclatée et qui, soit dit en passant, est fossilisé, ce qui met en lumière une sacré incohérence avec la création de la dite bestiole seulement 19 années auparavant... Mais je me disperse!
Je me suis demandé pourquoi Scott était partie dans cette voie "Frankensteinesque" pour la création du Xeno...
Donc, quand David balance les jarres du Derelict, il cite l'extrait un poème (c'est toujours plus sympa avant un massacre) de Percy Bysshe Shelley un auteur du 19 siècle, qui s'intitule "Ozymandias", en référence à Ramsès II:
J’ai rencontré un voyageur venu d’une terre antique
Qui m'a dit : « Deux immenses jambes de pierre dépourvues de buste
Se dressent dans le désert. Près d’elles, sur le sable,
À moitié enfoui, gît un visage brisé dont le sourcil froncé,
La lèvre plissée et le sourire de froide autorité
Disent que son sculpteur sut lire les passions
Qui, gravées sur ces objets sans vie, survivent encore
À la main qui les imita et au cœur qui les nourrit.
Et sur le piédestal il y a ces mots :
"Mon nom est Ozymandias, Roi des Rois.
Voyez mon œuvre, vous puissants, et désespérez !"
À côté, rien ne demeure. Autour des ruines
De cette colossale épave, infinis et nus,
Les sables monotones et solitaires s’étendent au loin. »
Sympa.
Il a également écrit en 1820 une pièce en 4 actes qui s'appelle Prometheus Unbound. Tiens?
Je vous invite à lire un "papier" très intéressant sur le sujet ici: http://www.undernierlivre.net/prometheus-unbound-percy-bysshe-shelley/
Shelley, Shelley... Bordel mais ce mec est en fait le mari de Mary Shelley qui a écrit en 1818...
Frankenstein ou le prométhée moderne.
Bon bah Scotty, petit canaillou, t'es pas allé bien loin mon colon. Même si la référence est honorable, elle est quand même ultra classique et personnellement je voulais du neuf... Tant pis pour moi.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 10 mai 2017
Critique lue 632 fois
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