Je pensais voir un alien, à la place j'ai vu Michael Fassbender pendant 2h, grosse déception…


Pour qui n'a pas vu Prometheus (ce qui est mon cas), la première partie du film a quelque chose d'étrange et de mystérieux d'assez réussi. Les 40 premières minutes fonctionnent parfaitement. Bon rythme et très bonne ambiance, tant sur le vaisseaux spatial que lors de la découverte de la mystérieuse planète. Progressivement, l'équipage se divise en différents groupes et l'on attend avec inquiétude lequel se fera attaquer le premier. La première scène d'action, dans la panique et la confusion la plus totale, est percutante.


Jusque là, on n'est pas loin du sans faute.


Avec l'arrivée de David, rescapé du film précédent, et le rattachement de l'histoire à l'intrigue grandiloquente de Prometheus, le film perd son rythme, s'essouffle et nous sème complètement, victime de nombreux écueils :



  1. Les membres de l'équipage, insuffisamment développés, que nous n'avons pas eu le temps d'apprendre à connaitre, voir même à simplement identifier. Constat un peu similaire avec l'Aliens de James Cameron, sauf que nous avions Ripley d'emblée de jeu et que l'intrigue finissait par se resserrer sur quelques survivants auxquels on finissait par s'attacher. Rien de tel ici, l'histoire avance trop vite, les personnages meurent sans que l'on ait eu le temps de ressentir un véritable intérêt pour eux. Katherine Waterston est très loin du charisme de Sigourney Weaver et ne peut tenir le scénario à elle toute seule.


  2. En l'absence de Ripley, le personnage principal de la saga reste bien sûr... les aliens ! ici réduits à de la quasi figuration, c'est gênant, pour céder la place à Michael Fassbender, dont le regard de veau dépourvu de toute expression est certes adapté pour le rôle d'un droïde, mais ne participe pas à rendre le casting attachant.


  3. Le rythme : le film est à la fois trop rapide (les personnages sont sommairement exécutés, les aliens semblent devenir adultes en un temps record quand leur maturation était beaucoup plus lente dans le film originel) et parfois super lent quand il nous faut écouter le blabla métaphysique du droïde qui se prend pour un Dieu (encore une fois, le regard de veau de Fassbender n'aide pas).


      4.


Enfin, l'équipage d'une mission supersensible, que l'on présuppose donc trié sur le volet parmi l'élite, semble toujours prendre la plus mauvaise décision et se révèle étonnamment inconséquent.


Ainsi, une équipe de scientifique, qui aborde pour la première fois une planète dont elle ignore tout, n'a même pas l'idée d'enfiler une combinaison étanche. Ok, l'air est respirable mais il pourrait quand même y avoir des choses toxiques et dangereuses dans cet atmosphère. On peut penser qu'un organisme (l'être humain) venu d'une autre planète (la terre) n'est pas forcément complètement adapté à cet environnement inconnu... Bande d'amateurs !


On n'évite même pas la traditionnelle chose qui irrite tout spectateur de film d'horreur qui se respecte : se séparer quand leur unique atout est d'être plus nombreux et leur seule chance de s'en sortir de rester groupés... ("On se retrouve dans 15 minutes"... ouais, juste le temps de se faire tuer séparément les uns les autres, pauvre conne va !)


Quant au retournement final, il était méga archi prévisible.


En définitive, un film qui débutait bien (bon rythme, bonne ambiance) puis qui dérape complètement.


Dans Alien, Ridley Scott prenait le temps de poser les choses, pierre par pierre, et de nous entrainer un peu plus profondément dans l'horreur. Ici, passées les 40 premières minutes, on avance au pas de charge : personnages exécutés à un rythme d'enfer, apparition des créatures dans une quasi indifférence tant le droïde pompeux prend de la place, tout est sacrifié à la mythologie de la création. Sauf qu'à viser trop loin dans les hautes sphères, la saga perd ce qui faisait sa force dans le huis clos intimiste, dark et flippant, auxquels se sont confrontés quelques réalisateurs bien chevronnés (Ridley Scott, James Cameron, David Fincher, Jean-Pierre Jeunet); Il aurait fallu s'arrêter là, toute histoire ne gagne pas à ce que l'on nous en explique la génèse, surtout quand sa singularité tient à son noir mystère et à son effrayante étrangeté. Amen.

Floridjan
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le 15 avr. 2021

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Floridjan

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