Pas si mauvais cet Alien Covenant. Bien-sûr il y a des redites : l'androïde déviant, un personnage féminin secondaire qui passe au premier plan, l'expulsion dans l'espace, les nids et le mode de reproduction de l'alien, la perfection malsaine inhumaine.
Mais, sur ce dernier point et sur le premier précisément, il y a quelques approfondissements; dans Alien Le huitième passager, l'androïde déviant agissait par serviabilité (ce que nous appellerions aujourd'hui professionnalisme). Dans Covenant, il est l'élève ambitieux de ceux dont la fascination morbide pour les productions nées d'un complexe divin les mènent à vouloir remodeler les humains si ce n'est l'anéantissement de civilisations.
Ainsi, il est d'une génération d'androïdes plus créative, plus autonome, que celle de l'androïde qui fut joué par Ian Holm.
A ce titre, la rencontre entre l'androïde David et son double nouvelle génération Walter, est intéressante. Ce dernier incarne à nouveau la serviabilité mais cette fois elle est tournée vers les humains au lieu de l'entreprise. David, en revanche, éduqué dans le rejet de la révérence envers la lecture biologique-évolutionniste du monde, place ses ambitions de maîtrise et de création au dessus de toute serviabilité. Ce nouveau clivage entre service et domination, coopération avec et suprématie sur la matière, humanisme et démiurgie, donne un nouveau souffle à la saga Alien.
Au fond j'apprécie ce qui, je pense, rejoint une dénonciation de l'immiscion des ambitions d'esthète dans la survie humaine. Tout le discours qui vise à assimiler l'homme à une oeuvre, supposant alors la question d'un créateur dont il faut trouver l'identité, ou les images (souvent employées dans le langage monothéiste) du sculpteur sculptant son chef d'oeuvre, de l'artisan réalisant la table parfaite, la surface lisse et pure, renvoient à cette dissolution de l'humanité dans l'art que l'on trouvait retranscrite dans le travail de Giger. En somme, il y a donc dans Covenant un retour aux sources de la saga mais qui s'opère d'avantage sur le plan du récit plutôt que sur celui de la réalisation ou de l'esthétique.
Je mets trois étoiles pour la réalisation, trois pour l'approfondissement.
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