Bien obligé d'innover après un premier volet construit comme un survival épuré et majestueux, Cameron emmène la saga dans une autre direction, en mêlant horreur et action, aspect de la mise en scène dans lequel il excelle.


Passant de prime abord pour un film bourrin avec ses Marines testostéronés et ses Aliens à foison, le film n'oublie pas d'être subtil. Le déluge d'action n'empêche pas Cameron de garder les éléments fondateurs, la terreur et le suspens, que suscite la présence des Xénomorphes, contrairement aux compères Fincher et Jeunet pour les deux suites. Malgré la profusion, la tension est là, et ira crescendo, éliminant peu à peu le nombre pour aboutir à un face à face dantesque. Et si tous les militaires se font zigouiller les uns après les autres, c'est bien sûr dans la logique du film d'horreur, mais sans doute pas anodin. Comme dans Avatar et Abyss, l'armée est représentée par une bande de gros bras plus néfastes qu'utiles, qu'il prend un malin plaisir à ridiculiser en les représentant comme des machos écervelés avant de les éliminer, révélant une position très claire du réalisateur qui passe pourtant pour un actioner 1er degré.


Mais la surenchère d'action n'est pas le seul ajout de Cameron à la saga. Ripley la survivante se mue en mère protectrice, dévoilant un passé et un aspect de son humanité jusqu'alors inconnus. Ce nouveau rôle insuffle une nouvelle dynamique et dramatise à nouveau le personnage en abordant une thématique universelle (l'amour maternel), ce qui renouvelle ses motivations et l'identification que l'on peut ressentir pour le personnage. S'ajoute à cela un début de flirt avec Hicks, le "bon soldat" dans l'aspect noble du terme, transformant Ripley en personnage désirant et non plus seulement désiré, étoffant encore l'héroïne de la saga qui ne retrouvera plus jamais une telle richesse par ailleurs.


Et la touche de Cameron ne s'arrête pas là, insufflant une dimension bigger than life comme il sait si bien le faire (approfondissement de son univers Terminator, transformation du gentil "la totale" en grosse machine désopilante, magnifiant un film de sous-marin en un voyage étouffant de toute beauté avec Abyss...) et converti Alien en blockbuster diablement efficace, se permettant au passage un petit message anti-libéral en présentant la compagnie (idem dans Avatar) en pourriture avide et sans morale.


Différent du premier dans son approche sans oublier l'essentiel, James Cameron se sort du piège de la répétition et prend à son compte un mythe qu'il a su s'approprier et même développer, la marque des grands.


Mon avis sur Alien 3

Créée

le 10 août 2016

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McReady

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