Avec Allemagne Année Zéro, il s'agit du troisième film de Rossellini que je découvre. J'avais aimé Païsa et India m'avait laissé totalement indifférent. C'est un petit peu vers ce second point que je me penche dans ce nouvel oeuvre, qui tend à démontrer la vie des petits Berlinois ou du moins la survie du peuple allemand à la sortie de la guerre.
Si on peut comprendre la démarche du cinéaste, le bonhomme manque quand même le coche dans le traitement, servant quelque chose de finalement très clinique, froid, dont son ultra réalisme empêche finalement d'apprécier le thème à sa juste valeur. Car au-delà de la façon misérable dont survit le peuple allemand, ce qui est déjà remarquable de traiter d'un tel sujet si peu de temps après le conflit, c'est bien par sa totale déshumanisation que l'oeuvre est intéressante.
Car à travers le personnage de l'enfant et du parricide qui sera commis, l'enfant, déshumanisé, semble payer les erreurs des aînés. Car le meurtre du père est conseillé par un nazi éliminant le socialiste, l'homme bon. Et en écoutant cet affreux personnage, il plonge alors tout droit vers la chute qui l'amènera à la mort.
Le fond est intéressant et aurait pu être puissant. Et pourtant, il loupe totalement le coche. Difficile pour moi de faire porter la responsabilité à un si jeune enfant en réalité. Un adolescent aurait déjà eu beaucoup plus de sens. Eux aussi sont malléables et prennent un peu plus conscience de certains de leurs actes.
Il y a aussi un point, c'est que le rythme s'essouffle très vite dans l'oeuvre de Rossellini. Et à partir de la mort du père et des longs moments d'errance du garçon, le cinéaste semble parfois tourner en rond puisque jamais le gamin ne recevra l'aide ou l'intérêt qu'il réclame.
Sur le fond, l'idée était vraiment remarquable, sur la forme je regrette finalement que ce soit Rossellini qui se soit retrouvé derrière la caméra.