Désirs secrets, espoirs, illusions et apparences voilà de quoi est fait American Beauty.
Lester, personnage principal et narrateur, nous présente sa petite famille, sa vie toute tranquille... trop tranquille. On se rend compte que, sous cette apparence de famille banale et heureuse, personne n'est vraiment heureux bien au contraire. Le fait déclencheur pour Lester : la première fois qu'il voit la copine de sa fille pom-pom girl. Toute la beauté qu'il voit alors le saisi et le tire de son sommeil. A partir de là on voit Lester se métamorphoser complètement, il bouscule ses habitudes, les codes sociaux, son trin-trin quotidien afin de se libérer de ces chaines sociales qui lui bouffent la vie. Je tire mon chapeau à ce Lester qui au final envoi tout le monde paître et vous laisse un sentiment de Carpe Diem fabuleux.


Outre la succession de clichés que l'on peut trouver dans ce film
le père de famille costume-cravate invisible et déprimé,
la mère working-girl chic et parfaite,
la petite banlieue américaine paisible,
l'ado mal dans sa peau légèrement gothique,
le voisin militaire homophobe maniaque de la discipline,
la copine reine du lycée allumeuse,
le petit copain drogué et dealer intelligent mais bizarre...

Ce film est avant tout à mon sens un film de fantasmes et de non-dits ;
Le père qui fantasme sur la copine de sa fille, la mère qui fantasme sur son concurrent le parfait agent immobilier, le fils du voisin qui fantasme sur la fille d'à coté, la fille qui fantasme sur le père de sa copine, le voisin qui se fait des illusions...

La fin est annoncée dès le départ alors au moins Sam Mendes anticipe le fameux « la fin est beaucoup trop prévisible » là elle est certaine, mais on s'en balance de la fin !
C'est comme lire un conte, on sait que il y aura un Happy End alors pourquoi on le lis ? Pour en savourer le chemin.
Tout le long du film on suit la vie pendant un an de se père de famille, interprété brillamment il faut bien le reconnaître par Kevin Spacey (je vous rafraîchi la mémoire ? Ok, il a joué entre autres dans L.A Confidential, Seven et Usual suspects) qui nous annonce dès le début qu'il va mourir. Le film est donc basé sur cette question simple : pourquoi et comment Lester va t'il mourir ?

J'ai beaucoup apprécié cette critique de l'American Dream parce qu'il ne prend pas comme sujets des gens richissimes non il prend des gens comme vous et moi, une famille normale. Les personnages sont pour moi toujours d'actualité, la working-girl, la bimbo, le petit mari qui va au bureau sans trop de conviction, le voisin homophobe, l'adultère, le manque de communication... 15 ans après sa sortie ce film n'est pas obsolète. On pourrait croire que ce film a poussé Marc Cherry a créer Desperate Housewives 5 ans plus tard. Dans un sens oui pour l'idée de base, la voix off etc... mais avec de nombreuses différences dont je ne dresserai pas la liste, vous savez ce qu'on dit : l'original est bien meilleur que la copie !

En marge des blockbusters qui misent tout sur leurs effets spéciaux et les têtes d'affiches, on ne peut pas reprocher à ce film le jeu d'acteurs qui rentrent complètement dans leurs personnages et toute la poésie du scénario. Pour ce qui est des plans, du cadre, des prises de vue, ils sont nickel bien sûr et originaux, ils offrent une perspective plutôt intéressante.

La bande originale est fantastiquement entêtante. Très simple, elle contribue très bien au sentiment de malaise général que l'on ressent devant cette histoire de père qui tombe amoureux de la copine de sa fille de 16 ans dont la toute première scène est annonciatrice. Admettez que c'est quand même très dérangeant comme idée ! Et bien justement la BO fait très bien son boulot et renforce ce climat qui est particulièrement intéressant car peu exploité. D'habitude on exploite l'angoisse, la peur, la joie, la tristesse, la compassion, l’héroïsme etc... Mais le malaise, celui qui vous prend aux tripes et vous fait grimacer, peu de bande originales arrivent à l'exploiter sous différentes facettes tout au long du film (Fight Club y parvient aussi). Mais là rien qu'en écoutant la musique le spectateur se sent bousculé, ce qui le met en parfaites conditions pour remettre ses convictions en question.

Ce qui fait le bonheur des uns peut aussi faire le malheur des autres. Certains trouverons sans doute que ce film n'est finalement qu'un gros sac de clichés que Sam Mendes a réuni à tout secoué pour en donner un film. Oui peut être mais je vais vous dire pourquoi ça marche tout simplement parce que c'est la vérité. Les familles moyennes qui vivent dans les jolies petites maisons en banlieue et remplies d'hypocrisie. Tout le monde peut (je dis bien « peut ») s'identifier à l'un des personnages. Ou au moins reconnaître quelqu'un qu'on connait. Bien sur que ce film n'est pas parfait il ne peut pas l'être pour tout le monde !

Toutefois il dit merde aux codes sociaux et à la « normalité » pesante et empoisonnante, c'est en cela que ce film est un petit bijou de 2 heures parfait pour tous ceux qui reconnaissent l'hypocrisie de ces petites vies trop parfaites et trop tranquilles dans cette société d'apparences et de sur-consommation.
Fanny_Serra
9
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le 6 janv. 2014

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Fanny Serra

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