Un homme d'origine afro-américaine se tient droit au milieu d'une rue, le visage peint comme pour prendre le sentier de la guerre, il est vêtu de noir et affublé d'une cape, sa silhouette convoque instantanément celle de la statue de la liberté à ceci près qu'en guise de flambeau, ce guerrier de la nuit brandit un cocktail Molotov. Bienvenue dans le dernier né de la franchise «American Nightmare» («The Purge», aux USA), un quatrième opus qui se veut être le commencement, la genèse de la purge. Comme pour marquer une rupture avec les autres épisodes, le réalisateur James DeMonaco cède sa place à Gérald MacMurray, réalisateur afro-américain. Toujours sous l'égide de Blumhouse Productions, le film s'inscrit dans une renaissance du cinéma dit de «Blacksploitation» instiguée par des films comme «Get Out», «Message from the king», ou plus récemment «Black Panther». Et ce «American Nightmare : The First Purge» surfe sur la vague en situant son action dans un quartier populaire new-yorkais. Le réalisateur ne s'embarrasse pas avec une intro qui dure des plombes. Après avoir remporté les élections, le tout nouveau gouvernement d'obédience fasciste, le N.P.F.A («Les nouveaux pères fondateurs de l'Amérique») décide une expérimentation inédite. Après avoir isolé le quartier de Staten Island (symbole de la porte du Paradis pour les immigrants), les habitants sont conviés 12 heures durant à déchaîner leurs pulsions meurtrières. Les plus aisés peuvent quitter l'île, les autres, majoritairement des noirs, toucheront une rétribution financière au prorata de leurs crimes. Un quatrième volet rentre-dedans, qui n'hésite pas à mettre l'Amérique face à ses démons passés et présents. Dès les premières images (l'évacuation du quartier de Staten Island rappelle la Nouvelle-Orléans et le cyclone Katrina de sinistre mémoire), Gérald McMurray pose un premier tacle et il y en aura d'autres (Charlottesville, l'affaire Rodney King, Le KKK..). La franchise «American Nightmare» et sa vision post-subprimes a vu le jour sous la présidence Obama mais depuis, le pays s'est malheureusement encore plus endurci et c'est en cela que le récit de «The First Purge» est très intéressant, un sous-texte social et racial qui apporte une vraie substance au film. Pour le reste, l'action, le suspense, le sang et la violence sont certes au rendez-vous, mais rien de bien nouveau. En même temps, avec les «American Nightmare», on sait à quoi s'en tenir et même si l'on s'insurge, on est révoltés devant cette société autorisant le meurtre, en tant que spectateur lambda, on a quand même envie que ça purge ! Une nouvelle fois, le contrat est rempli.