Stolz der Nation

Il y a deux manière de regarder American Sniper. La première consiste le regarder comme étant un pur objet cinématographique. De ce point de vue là, difficile de reprocher quoi que ce soit à American Sniper, si ce n'est peut-être l'académisme de sa mise en scène. On le sait tous, Clint Eastwood sait raconter un histoire. Il sait aussi poser sa caméra, instaurer du suspens, rythmer son récit et être émouvant. Clint Eastwood est un bon réalisateur et American Sniper en est la preuve.

Maintenant, il y a l'autre façon de regarder American Sniper. Celle de regarder le film de manière plus politique, avec le contexte qui l'entoure et ce que l'on sait de son réalisateur. On le sait tous, Eastwood est un putain de gros républicain de batard. L'incarnation du cow-boy américain, qui aime les gros flingue, les "winers" et boire de la Coors autour d'un bon morceau de barbaque rôtissant sur son barbecue en plaisantant sur la performance du nouveau quaterback des Broncos pendant que les femmes s'occupe de mettre le couvert. Mais c'est aussi pour ça qu'on l'aime. Et on l'aime d'autant plus que malgré ses déclaration d'amour à George W. Bush ou ses prises de positions plutôt réactionnaires, il a toujours su insuffler une certaine nuance dans ses propos. On peut voir Gran Torino comme un film raciste, mais on peut aussi y voir un plaidoyer pour le vivre ensemble.

Seulement voilà, je n'ai pas retrouvé cette subtilité dans American Sniper. Je trouve que American Sniper est un film propagandiste, pro-guerre en Irak et pro-militariste. Certains trouveront ça cool. Personnellement je trouve ça puant. Pourtant American Sniper évoque des faits peu reluisant de la guerre. Le film débute quand même par Bradley Cooper qui shoote un gosse ! Quand on connait le tabou autour des morts d'enfant au cinéma, on se dit que American Sniper va être un film dur montrant la dure réalité de la guerre. Il évoque aussi le traumatisme des vétérans et leurs difficultés à retrouver un mode de vie de normal. Bref, Clint Eastwood aborde des thèmes qui pourrait nous amener vers un niveau de lecture plus critique sur la guerre en Irak. Mais Eastwood fout tout en l'air en 5mn avec la fin.

Autrement dit, alors qu'on aurait pu voir American Sniper (selon sa propore opinion de la guerre en Irak) comme un film critique sur les actions des soldats américains, Eastwood, de par sa fin héroisant au maximum le personnage de Bradley Cooper ne nous donne qu'un seule manière de voir ce film et son personnage.

Autrement dit, Bradley Cooper a tué 160 Irakiens pour sauver l'Amérique, c'est un héros. Point final. A aucun moment, Bradley Cooper ne semble douter de ses actions. Jamais il ne se questionne sur l'utilité de l'intervention des Etats-Unis en Irak. Le personnage reste campé sur ses positions est personne n'est là pour le contredire. Même le fait de buter cet enfant n'a pas l'air de le perturber plus que ça. On lui dit vite fait, "si tu ne l'avais pas fait, il aurait tué 10 GI" et hop ! On oublie et on repart sauver l’Amérique !

Vous vous souvenez du film fictif projeté par les nazis dans Inglorious Bastard ? On y voit un sniper allemand buter des centaines d'ennemis depuis le haut de son clocher, sous les hourras de centaines d’officier nazi ? Et bien pour moi American Sniper n'est pas foncièrement différent. C'est de la propagande pure et simple.