Give us the courage to do what is right. And if it means civil war? Then let it come.

Ce film est incroyablement poignant. Alors certes, pas forcément autant que les plus grands films de Spielberg dans ces thématiques, mais cela ne réduit pas la force qui s’en dégage. On réalise ici à quel point l’esclavage a été un problème fondamental dans la société américaine et comment cela a, à terme, conduit à la Guerre de Sécession. Le plus dramatique, le plus terrifiant même, c’est que certaines remarques présentes dans le film sont toujours d’actualité. Et pourtant, le discours de John Adams à la fin pointe parfaitement du doigt le paradoxe qu’on peut y trouvait par rapport aux fondements même de la démocratie.


C’est vrai qu’on peut considérer que le film a un léger non rythme par moment, que certains personnages (je pense à Joadson ou Tappan) semblent parfois effacés, voire inutiles ou oubliés. C’est un peu dommage, mais encore une fois, l’essentiel ici, c’est bien le message que Spielberg tente de nous transmettre, et ce message est puissant. On retiendra notamment deux passages : ce discours de John Adams, que beaucoup devraient écouter et tenter de comprendre, et puis ce récit de Cinque, tellement percutant et poignant qu’on se prend une véritable baffe en plein poire.


Cet aspect passe notamment par la prestation incroyable, pratiquement viscérale, de l’immense Djimon Hounsou, auquel Matthew McConaughey réussit très bien à faire contre-poids, ce qui permet aux deux de vraiment pouvoir s’exprimer. Morgan Freeman et Anthony Hopkins sont impériaux, comme bien souvent, même si au final, leur personnage peut s’avérer pas forcément bien écrit ou intégré à l’intrigue (Hopkins notamment, dont il est clair qu’il n’est là que pour ce discours magistral à la fin). Idem pour Stellan Skarsgård, ou les nombreuses têtes connues qui apparaissent en rôle secondaire. Surpris aussi de retrouver Chiwetel Ejiofor, dans ce qui doit être un de ses tous premiers rôles, et pour lequel on trouve déjà son langage corporel, que j’apprécie beaucoup, et son sourire.


Techniquement, le film est comme toujours maîtrisé de bout en bout. John Williams signe une musique discrète, mais en même temps pleine d’espoir et de puissance. La reconstitution des décors de l’époque sera immersive. Et la mise en scène de Spielberg, comme toujours, un pur régal. Et ce n’est d’ailleurs pas anodin que les deux scènes phares du films (trois, si on compte l’introduction) seront les mieux réalisées, celles avec le plus d’âmes ; mais que les scènes plus calmes, plus intimistes, ne seront pas dénuées d’âmes et de puissance non plus (le discours entre Adams et Cinque, celles du procès).


Bref, Amistad est un film réussi de son réalisateur. Peut-être pas le plus connu, ni le plus reconnu, et sans doute pas le plus accompli (il y a quand même des défauts), mais son message dégage une incroyable puissance. Et puis ce n’est pas tous les jours que tonton Spielby nous fout une sacrée baffe en nous ouvrant les yeux.

vive_le_ciné
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le 15 avr. 2018

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