« Theatrum mundi » disait Shakespeare : la vie est un théâtre où chacun joue un rôle dans un décor représentant le monde. Pour la onzième adaptation d'Anna Karénine au cinéma, Joe Wright (Reviens-moi, Orgueil et Préjugés) a choisi de placer son récit dans un théâtre. Cette idée s'avère t-elle judicieuse pour montrer le tourbillon d'émotions qu'Anna Karénine subit en pleine Russie Impériale.

La cérémonie des oscars approche, et on sent dans Anna Karénine le « film à oscars » à plein nez. De beaux costumes, une grande romance avec une photographie qui magnifie ces décors impressionnants. Pas de doutes, ce film concourt pour le titre, et pourtant, celui-ci n'a que des nominations « secondaires ». La faute à un sujet vu et revu au cinéma, que ce soit dans sa forme (une énième adaptation du roman de Tolstoï) ou dans ses thèmes (la complexité des sentiments). Nous avons droit aux scènes de bal interminables, mais aussi aux larmes (en trop grande quantité) quand le sort s'acharne sur cette pauvre Anna.

Joe Wright a délaissé l'aspect philosophique du roman pour ne s'intéresser qu'à la passion, et c'est bien dommage : les paradoxes d'Anna Karénine et le (sur)jeu de Knightley finissent par irriter, alors que sa romance avec Vronski n'est pas d'une profondeur remarquable. La mise en scène reste toutefois dynamique (notamment au début), et l'idée de placer le décor dans un théâtre était à double tranchant. Il est intéressant de voir cette chorégraphie dans les mouvements des acteurs, ainsi que la métamorphose des lieux se faisant en temps réel. Malgré tout, on regrette quelquefois l'exagération des interprètes dans leurs réactions, rendant leurs sentiments trop fades.

Le piège de l'adaptation est double : celui de rester cohérent vis à vis du modèle qu'elle reprend, et réussir à faire quelque chose de nouveau par rapport aux films passés avant elle. Nous avons déjà répondu à la première partie, quant à la seconde, affirmons juste que moins de spectaculaire et davantage de sincérité n'auraient pas été un mal.
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le 7 févr. 2014

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Hugo Harnois

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