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Annihilation : collision entre une particule et son antiparticule entrainant leur disparition et donnant lieu à une libération d’énergie (j’avoue, c’est Wikipédia…). Eh bien, loin d’avoir fait un bigbang lors des projections-tests, le film d’Alex Garland a failli être reshooté afin de paraitre moins compliqué, moins intellectuel. Le réalisateur a consenti une diffusion sur Netflix, notamment en Europe, afin de préserver l’intégrité de son œuvre. Après Ex Machina (que je n’ai pas encore vu), Garland continu donc de créer son univers SF à hauts concepts. Alors, est-ce un film « intello », compliqué ? Oui, assurément. Est-ce que cela en fait un mauvais film ? Certainement pas.


Annihilation ouvre sur un objet céleste s’écrasant au pied d’un phare (mais pas celui de On). Depuis, un mystérieux dôme ressemblant à une énorme bulle de savon ne cesse de s’étendre. Plusieurs expéditions ont été organisées à l’intérieur de ce qu’on appelle le miroitement, aucune personne n’en est revenue. En fait, si. Un soldat est rentré après sa mission mais faut voir dans quel état… Sa femme, Lena (Nathalie Portman), biologiste et ex-militaire, décide de participer à la prochaine mission au cœur de cet étrange endroit.


SUR LE FOND : 8 étoiles


C’est tellement compliqué d’écrire sur un film comme Annihilation, un film qui laisse perplexe au générique de fin, qui trouble et me questionne encore le lendemain. C’est probablement un élément tendant à me faire dire qu’Annihilation est un bon film de SF, une œuvre parfaitement réfléchie. Les événements se déroulant au sein du miroitement sont cohérents (pour la plupart) et basés sur une thèse intéressante. Le film joue avec le spectateur de la même manière que l’entité joue avec les (nos) règles de la nature, il déconstruit et fait muter l’objet cinématographique que nous sommes en train de regarder. Tantôt film de hard science-fiction, tantôt slasher (avec les choix stupides des personnages qui vont avec), tantôt film d’aventure aux allures de Predator… Chaque chose est nouvelle et nous les découvrons avec le personnage principal.



It's destroying everything.



It's not destroying... It's making something new.



Parlons justement des personnages dont le jeu peut dérouter en début de film : tout le monde est blasé ! Même si les éléments de contexte vont pouvoir l’expliquer par la suite, cela peut en effet laisser sur le bord de la route les spectateurs les plus avides d’énergie et de rythme. Quoi qu’il en soit, Nathalie Portman signe une bonne prestation, ce que nous ne pouvons pas dire des autres actrices et acteurs (Jennifer Jason Leigh et Oscar Isaac en tête).


A l’image du tatouage d’Ouroboros de Lena, représentant (l’infini mais aussi) l’autodestruction, le film nous conte la quête destructrice de tous ces personnages.


SUR LA FORME : 6,5 étoiles


D’une durée avoisinant les deux heures, Annihilation est un film lent, volontairement lent. Une longueur des plans qui, à premier abord, parait exister que pour rendre le film « intello » mais qui en réalité s’inscrit très bien dans l’ambiance du film. Au-delà de cela, il y a de vrais choix de réalisation très intéressants, notamment la narration segmentée qui nous oblige à comprendre le puzzle au fur et à mesure des pièces qu’on nous donne. Et puis la manière dont est montrée la relation entre Lena et Kane (Oscar Isaac) constamment à travers des filtres (un verre d’eau, une vitre, un écran de caméra).


Visuellement, c’est sublime : la lumière jouant avec toutes ces nuances colorées du miroitement, cette forêt florissante et développant de nouvelles formes de vie, et cette scène de naissance de l’humanoïde (Sonoya Mizuno) qui m’a personnellement foutu les poils (mais j’en parlerai de nouveau un peu plus bas). Malheureusement, il faut nuancer tout ça avec les effets spéciaux qui sont très inégaux. Les deux créatures attaquant le groupe sont complètement ridicules, notamment l’ours… Le plan où Sheppard (Tuva Novotny) se fait attrapée dans le dos semble tout droit sorti d’un nanard à la Sharknado.


C’est vraiment dommage pour un film de SF d’avoir certains effets spéciaux aussi ratés, surtout que sur la forme, le reste est vraiment bon. La BO notamment, signée par Geoff Barrow (Ex Machina), est super intéressante, que ce soit le thème principal à la guitare ou les musiques à inspirations plus électroniques. Le son lors de la naissance kaléidoscopique de l’humanoïde notamment est juste incroyable. Elle place cette scène complètement en dehors de toute temporalité (certaines théories affirmant même que Lena reste dans la grotte plusieurs mois), et crée une ambiance à la fois calme et inquiétante. Juste pour cette scène, je suis un peu déçu de pas avoir pu aller voir Annihilation en salle.


Évidemment, ce film n’est pas exempt de tout reproche, certaines choses sont brouillonnes et il entre clairement dans la catégorie des films de SF de niche. Mais il est fort à parier que d’ici quelques années, Annihilation soit un des premiers films cultes distribués par Netflix.


Bonus acteur : NON


Malus acteur : NON


NOTE TOTALE : 7 étoiles

Créée

le 15 mars 2018

Critique lue 559 fois

Spockyface

Écrit par

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